Nécessité fait loi

Pendant que la canicule fait rage dans une France asséchée qui guette avec envie les moindres signes annonciateurs d’une précipitation bienfaisante, les premières dispositions mises en place pour la rentrée par le ministère de l’Éducation ont commencé à fuiter dans la presse. Pour autant qu’on puisse le savoir, le dispositif sera considérablement allégé et les précautions beaucoup moins contraignantes qu’au printemps dernier. On a l’impression que le maître mot sera d’accueillir tout le monde, « quoi qu’il en coûte ».

Sauf que le coût pourrait bien se mesurer ici en contaminations, plus qu’en espèces sonnantes et trébuchantes. Le ministère semble avoir renoncé définitivement, sauf catastrophe sanitaire évidente, à la distance physique entre les élèves. On passe d’une obligation à une recommandation, dont on sait par avance qu’elle ne pourra pas être tenue dans certains cas. Plus question de faire des demi-classes, ou d’accueillir les enfants par roulement. Exit également l’enseignement à distance, d’une efficacité très variable, malgré un aspect novateur appréciable. La seule véritable nouveauté par rapport à l’enseignement traditionnel consistera dans le port du masque obligatoire à partir de 11 ans. Est-ce que ces mesures seront suffisantes pour éviter la propagation de l’épidémie dans les établissements scolaires ? À vrai dire, personne n’en sait rien. Les études sur la contamination des enfants et des adolescents donnent des résultats contradictoires. Après avoir été suspects d’être des « super-contaminateurs », les enfants seraient indemnes, voire partiellement immunisés. Il suffirait d’éviter de les mettre en contact avec des sujets « à risque », personnes âgées, ou souffrant de certaines affections.

Ces directives vont dans le même sens que celles qui concernent l’activité économique, où l’état mise tout sur l’extension du port du masque, y compris en extérieur, bien qu’il n’y ait aucun consensus scientifique sur les risques encourus. La France n’a plus les moyens de se payer un nouveau confinement généralisé, et fera tout pour éviter d’y recourir. Ce changement de doctrine relève évidemment de considérations financières et économiques plus que sanitaires. Cela tombe mal au moment où des signes inquiétants montrent que l’épidémie est loin d’être vaincue et peut repartir à tout moment, comme on l’a vu dans certains départements. Sans compter que son extension mondiale n’est pas achevée et que des cas « importés » en provenance des pays où l’infection est la plus active sont toujours possibles. De plus en plus de voix s’élèvent dans la communauté scientifique pour expliquer qu’il va falloir vivre avec le Covid pendant encore des mois, voire des années. On a bien réussi à vivre avec le Sida, dont beaucoup moins de personnes meurent, mais ce virus est encore plus sournois, si c’est possible, et les thérapeutiques manquent cruellement pour le contrôler, avant même d’espérer un jour son éradication.

Commentaires  

#1 jacotte 86 08-08-2020 11:39
bouhhh je veux des nouvelles optimistes...
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