L’aumônier de Brégançon

Le Président de la République en personne a interrompu ses vacances studieuses dans sa résidence d’été du fort de Brégançon, en s’arrachant aux plaisirs innocents de la baignade dans la piscine hors-sol qu’il y a fait installer il y a 2 ans pour soustraire Bibi aux objectifs indiscrets des paparazzi. Tel Jésus lavant les pieds de ses disciples, Emmanuel Macron s’est rendu au chevet de Gisèle, une veuve octogénaire qui ne peut rester à son domicile que grâce à son auxiliaire de vie qui l’assiste au quotidien.

Et le Président n’est pas venu les mains vides. Visiblement pressé de réparer une anomalie que ses services avaient dû omettre de lui signaler, il annonçait le versement d’une prime en faveur des personnels soignants travaillant à domicile, injustement exclus du dispositif précédent. Vous et moi, nous nous intéressons au montant alloué à chaque personne concernée, mais le président, lui, raisonne en termes d’enveloppe. Il y a donc 160 millions posés sur la table, dont la moitié sera fournie par l’état et l’autre par les départements. Ce qui équivaudrait, selon le chef de l’état, aux mille euros promis aux autres soignants. Mais le président est visiblement plus fort en rhétorique qu’en calcul mental. Pour nombre d’observateurs sachant compter, 160 millions partagés entre les 320 000 professionnels concernés, font exactement 500 euros par personne. La CGT fait également remarquer qu’une prime théorique de 1000 euros en équivalent temps plein serait ramenée à 200 ou 300 euros pour beaucoup de personnels à temps partiel. Le compte n’y est donc pas, et le vieux syndicaliste André Bergeron aurait dit qu’il n’y avait pas assez de grain à moudre.

Il se trouvera pourtant quelques fidèles pour trouver que cela vaut mieux que rien, sans vouloir voir que cet acte de charité masque mal l’absence d’une véritable prise en compte du défi de la prise en charge de la dépendance et du grand âge, qui n‘en est encore qu’à ses débuts. Le principe même d’octroyer des primes ne fait que renforcer la suzeraineté des puissants en accroissant la soumission des faibles. Par définition, la prime est soumise au bon vouloir du prince qui peut en espérer en retour une reconnaissance, éternelle ou jusqu’aux prochaines élections. Ici, le caractère exceptionnel montre bien que le président dispose à sa guise de l’argent de ses concitoyens, dont il est supposé n’être que gestionnaire, alors qu’il feint d’en être propriétaire. Aucun droit acquis sur la retraite, ni sur la solidarité nationale, ne sortira de cette aumône sans lendemain, qui sera tôt dépensée si elle ne permet pas de se prémunir contre les aléas de la vie, vu son faible montant, et les taux de rémunération de l’épargne, inférieurs à l’inflation.

Commentaires  

#1 Josette 05-08-2020 15:02
Oui c'est bien vrai ça, comme aurait dit la mère Denis, il se prend pour le Père Noël celui-là mais tout le monde peut se rappeler que "Le Père Noël est une ....."
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