Des poules et des hommes

Une nouvelle vidéo de l’association L214, montrant les conditions déplorables d’élevage des poules pondeuses dans certaines exploitations, est sortie et a été largement diffusée au moment où commence la discussion à l’Assemblée nationale d’un projet de loi sur l’alimentation. La vidéo-choc, dans laquelle l’actrice Sophie Marceau apporte sa voix pour défendre la cause animale, est évidemment destinée à faire réagir, et elle atteint parfaitement son but. Difficile en effet de rester insensible devant des images aussi insoutenables.

On peut ne pas partager la conviction de certains militants qui bannissent toute exploitation animale de notre alimentation, voire de notre économie, mais on ne peut pas consciemment cautionner ces traitements, que l’on qualifierait d’inhumains s’ils ne concernaient pas les animaux. Les solutions sont connues, mais se heurtent à des logiques économiques. L’élevage de poules pondeuses en batterie ne sera pas totalement interdit par la nouvelle loi présentée par le ministre actuel de l’agriculture, de même que la vidéo surveillance dans les abattoirs, pourtant proposée en 2017, n’a jamais été effective. La mesure figurait cependant en bonne place dans le projet du candidat Macron, mais a presque totalement disparu du projet de loi. Un des coups de canifs dans le contrat qui permet à Emmanuel Macron de prétendre faire ce qu’il a annoncé. Oui, quand ça l’arrange, sinon, circulez, il n’y a rien à voir.

Ce qui est nouveau, et intéressant, c’est qu’un député de la majorité comme Cédric Villani a annoncé qu’il voterait des amendements présentés par des partis de l’opposition, s’ils permettaient un progrès dans la prise en compte des animaux. Un premier caillou dans les godillots de la République en marche, qui en appelle d’autres. Avec tout le respect que je porte aux poules, les mesures envisagées par le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, qui pourrait tailler dans les aides sociales pour faire des économies budgétaires, me semblent au moins aussi importantes que la cause animale. Et là aussi, un petit espoir est permis, si j’en juge par la réaction de la présidente de la commission aux affaires sociales de l’Assemblée, appartenant pourtant à la majorité. Nous sommes encore bien loin d’une fronde comme en a connu la majorité socialiste du quinquennat précédent, mais le grain de sable pourrait un jour bloquer la machine. Et le fait de réclamer un traitement décent des animaux ne doit pas empêcher de revendiquer une prise en compte des problèmes des humains, aux prises avec une même logique purement comptable, basée sur le profit immédiat maximal. J’attends du vidéaste Rémi Gaillard, qui s’est associé à Brigitte Bardot pour défendre la cause animale, des prises de position en faveur des êtres humains défavorisés par notre société, comme, par exemple, les réfugiés.

Commentaires  

#1 jacotte 86 22-05-2018 11:30
animaux nature et humains ... même combats..sans eux nous n'existerions pas
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