Sous les pavés la grève

Je ne veux pas parler de cet espace d’échouage en bord de mer ou en bord de cours d’eau, et qui a donné son nom à une place face à l’hôtel de ville de Paris, où venaient attendre les travailleurs sans emploi pour trouver de l’embauche. C’est peut-être là l’origine de l’autre grève, celle qui consiste à un arrêt de travail concerté de travailleurs, de salariés d’une entreprise, d’un secteur économique, d’une catégorie professionnelle, et qui revient à une épreuve de force entre les patrons et les travailleurs, souvent à l’initiative des syndicats.

Longtemps interdit, le droit de grève était passible d’emprisonnement sous le consulat napoléonien, légalisée à partir de 1864 mais interdite aux fonctionnaires, elle fut autorisée en 1946 par la Constitution, instaurant aussi une obligation de préavis.

Il y a trois conditions pour qu’un mouvement soit considéré comme une grève, un arrêt total du travail même très court, des revendications professionnelles, une concertation des salariés.

On connaît la grève du zèle qui consiste à appliquer à la lettre tous les règlements pour ralentir l’exécution d’une tâche.

La grève perlée, ou ralentissement du rythme de travail ou de sa qualité, qui désorganise la production sans l’arrêter, c’est un mouvement illicite sans mot d’ordre des syndicats.

La grève sur le tas avec occupation du lieu de travail.

La grève tournante, où les salariés se relaient, les uns en grève les autres au travail, interdite par la loi dans le secteur public.

Celle qui occupe l’espace social aujourd’hui, celle des cheminots, est originale on pourrait la dire intermittente ou en pointillé ou par épisodes, puisque trois jours de travail sont suivis de deux jours de grève.

Les grévistes ne sont pas payés, une heure de grève c’est une heure de salaire en moins, parfois dans les accords de fin de conflit on négocie le paiement, la compensation, l’étalement de la retenue des jours de grève, jamais dans la fonction publique ou le non-paiement des jours non travaillés est strict.

Les syndicats, pour limiter les pertes, ont des caisses de grève (grâce aux cotisations), et l’on assiste en ce moment, après un appel aux dons du sociologue Jean-Marc Salmon, à un élan de solidarité puisqu’il a été versé par des donateurs anonymes qui considèrent qu’il faut soutenir ceux qui défendent le service public, plus de 600 000 € pour les grévistes.

Les grandes grèves comme celles de 1919, 1920, 1936 (sous le Front populaire), celle d’août 53 contre la réforme des retraites, commencée par les PTT, s’étendant jusqu’aux viticulteurs en passant par les mines, les banques, la métallurgie, et bien sûr celle de mai 68 (la plus grande grève générale de toute l’histoire des luttes), ont généré des droits nouveaux, des conquêtes sociales. Chaque fois qu’une grande grève réussit à faire un front uni de contestations pour préserver les acquis, pour s’opposer à un système politique, qui paralyse l’économie, gouvernement et patronat cèdent.

C’est une leçon qui reste d’actualité, quel bel anniversaire si étudiants, lycéens (depuis hier), cheminots, personnel d’Air France, arrivaient à créer cette union qui fait la force pour faire plier le pouvoir ? Il reste encore 10 jours en mai !!!!!

 

L’invitée du dimanche

Commentaires  

#1 poucette 20-05-2018 10:30
une exception: les jours de grève de mai 68
ont été payés aux fonctionnaires
j' ai vu hier soir le film "en guerre" à voir mais dur
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