Reine d’un jour
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 19 mai 2018 10:50
- Écrit par Claude Séné
C’était le titre d’une célèbre émission de radio des années 50 animée par Jean Nohain, au cours de laquelle une Française prise au hasard se voyait offrir de nombreux cadeaux et pouvait réaliser ses rêves les plus chers. Aujourd’hui, la reine du jour sera Meghan Markle, cette actrice américaine qui va épouser le prince Harry pour le plus grand bonheur des quelque trois milliards d’individus attendus devant leur poste de télévision pour suivre le déroulement des festivités. Qu’elle en profite bien, car ses chances de devenir réellement la gracieuse majesté des Britanniques sont quand même assez réduites.
D’abord parce que la titulaire actuelle du poste, malgré ses 92 ans bien sonnés, a toujours bon pied bon œil et n’a pas l’intention de renoncer à son trône à moins d’y être contrainte pour des raisons de santé. Contrairement au prince consort Philip, son époux, qui a annoncé sa retraite l’année dernière, Élisabeth semble décidée à régner jusqu’à son dernier souffle. À compter de ce jour, le plus tardif possible, la couronne reviendra à Charles, qui n’est certes pas un perdreau de l’année du haut de ses 69 ans, mais qui a attendu le trône suffisamment longtemps pour ne pas y renoncer bêtement alors qu’il touche presque au but. Il faut bien se représenter que dans la famille royale, toute l’éducation est tendue vers un seul but : se préparer à régner, et accessoirement, assurer une descendance suffisamment nombreuse pour parer à toute éventualité. Et même en supposant que la succession s’accélère pour des raisons inattendues, Harry n’est que le troisième. Il est précédé par son frère aîné, William, et Meghan serait donc devancée par sa belle-sœur Kate Middletown, qui vient de pondre son troisième enfant réglementaire. Enfin, il ne faut pas oublier que si Harry accède un jour au pouvoir, Meghan ne sera que la femme du roi, et non pas reine au sens strict du terme, comme le duc d’Édimbourg ne fut que l’époux de la reine, ainsi que le chantait Offenbach dans la Belle Hélène.
Ce royal mariage va permettre aux sujets de l’ex-Empire britannique de se changer les idées, ainsi que tous les républicains convaincus, y compris les Français, qui ont pourtant coupé la tête de leur propre souverain et celle de leur reine, mais qui adorent se distraire avec les « people » princiers ou non. Ce mariage va également sceller le fait que le prince Harry a enfin jeté sa gourme, après une adolescence tumultueuse, qui l’a vu se fourvoyer dans un déguisement nazi et s’adonner aux plaisirs du tabac, de l’alcool, et l’on préfère ne pas savoir quoi d’autre. À défaut de jeux du cirque, le peuple va s’offrir un opium à 37 millions d’euros tout de même.
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