Ministre, cet inconnu

Un an pile poil après avoir été désignés, les ministres du premier gouvernement Macron sont déjà en pleine reconquête de l’opinion. Selon un récent sondage, plus d’un Français sur deux avoue ne pas les connaître, et près de 8 sur 10 les jugent éloignés de leurs préoccupations. Ni une ni deux, les 29 ministres volontaires désignés d’office se sont abattu hier sur les régions, vous savez, ces territoires hostiles et inconnus situés au-delà du périphérique, afin d’y répandre la bonne parole de l’évangile selon Macron, et, accessoirement, y montrer leur trombine inconnue du grand public.

Seuls 3 ministres, dont le Premier, ont été exemptés de la corvée, grâce à des excuses dignes de l’obligation de piscine. Ce dispositif impressionnant, qui a mobilisé, imagine-t-on, une grande énergie des services de l’état, a-t-il permis de renverser l’opinion, auprès de qui les réformes passent mal ? Il est permis d’en douter. Les réunions « publiques » avaient lieu sur invitation et réunissaient quelques centaines de participants au maximum, préalablement inscrits sur le site Facebook de la préfecture. Les organisateurs attendaient un bon tiers de sympathisants de la République en marche et les questions devaient être déposées par écrit à l’avance. Pas question d’envoyer au casse-pipe des ministres mal aguerris incapables de sortir de leur domaine de compétence technique. Sur les 67 millions de Français, seuls quelques milliers ont donc pu entendre le prêche des missi dominici de la Macronie. Alors, puisqu’il s’agit à l’évidence d’un coup de communication, le gouvernement peut-il espérer des retombées médiatiques positives de ces rencontres ? Pas vraiment. Il fallait une loupe ce matin pour dénicher dans la presse quotidienne une mention de ces réunions, et encore s’agissait-il de celle de Nicolas Hulot, le seul ministre à avoir déjà une notoriété réelle, et dont les Français s’interrogent périodiquement sur la continuité de sa présence au gouvernement.

Comme à peu près tous les gouvernements de France et de Navarre à des époques diverses et variées, ce pouvoir est persuadé de son bon droit et envisage de dissoudre le peuple si celui-ci ne partage pas son appréciation. Comme d’habitude, si une mesure ne passe pas bien, c’est qu’elle n’a pas été assez expliquée, et certainement pas qu’elle devrait être modifiée. Par définition, la majorité a toujours raison, et les dirigeants étant plus intelligents et instruits que les subordonnés, il suffit de convaincre ces derniers du bien-fondé de leurs décisions, et au besoin de les contraindre à les accepter au nom d’un intérêt général défini par le sommet de l’état. Ça ne vous rappelle pas quelque chose ? Un mandarinat universitaire sûr de lui et dominateur qui a explosé en plein vol il y a tout juste 50 ans ?

Commentaires  

#1 jacotte 86 18-05-2018 12:07
arrête de me donner des espoirs ça fait trop mal!!!
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