Monopoly

Le jugement était très attendu. Surtout par le principal intéressé, naturellement. Jérôme Cahuzac était rejugé en appel pour une fraude fiscale, dont il ne contestait plus la réalité, après avoir menti effrontément, les yeux dans les yeux, à la France entière et à sa représentation nationale en prétendant n’avoir jamais possédé de compte à l’étranger pour y dissimuler ses gains frauduleux. Si l’on en croit son avocat, le talentueux Éric Dupont-Moretti, l’ancien ministre des Finances était paniqué à l’idée de devoir éventuellement être incarcéré, une peur salutaire du gendarme qui arrive malheureusement un peu tard.

Autant Jérôme Cahuzac trouvait plaisant d’accumuler des hôtels dans la rue de la Paix ou l’avenue des Champs-Élysées, autant la perspective de ne pas passer par la case départ, de ne pas toucher 20 000, et d’aller directement à la case prison lui était insupportable. Que n’en a-t-il pris conscience plus tôt, au lieu de se croire intouchable et s’affranchir des contraintes du tout-venant. Il a joué, il a perdu. Il est normal qu’il en assume les conséquences. Même son avocat, pourtant surnommé « acquittator », savait qu’il ne pourrait être exonéré de toute peine. Il a d’ailleurs été condamné à 3 ans fermes en première instance. Tout l’enjeu consistait donc à tenter de ne pas dépasser 2 ans fermes en appel, limite permettant un aménagement de peine tel que le port du bracelet électronique. Je ne vais certes pas m’apitoyer sur le sort d’un personnage aussi arrogant qu’antipathique du temps de sa « splendeur », mais je ne veux pas non plus la mort du pêcheur. La sanction prononcée de 4 ans, dont deux avec sursis, correspond à un barème adapté et son incarcération n’est sans doute pas indispensable, d’autant qu’en plus du redressement fiscal légitime dont il devra s’acquitter, il est condamné à une forte amende, ce qui est un juste retour des choses.

Là où j’estime que la loi n’est pas assez sévère, c’est sur l’aspect des droits civiques. En deuxième comme en première instance, Jérôme Cahuzac n’est condamné qu’à 5 ans d’inéligibilité, quand je trouverais normal qu’il ne puisse plus prétendre au moindre mandat électoral, après avoir ainsi trahi la confiance de ses concitoyens. Vous me direz que sa carrière prometteuse a été foudroyée et sa réputation ruinée par cette affaire. Je voudrais en être aussi sûr. Les Français font parfois preuve d’une indulgence coupable à l’égard des hommes politiques, même quand ils ont été attrapés la main dans le pot de confiture, ou tenant un pistolet encore fumant. Pour leur ôter toute tentation ou velléité de réélire un quelconque Patrick Balkany, il faut, et il suffit de prononcer une inéligibilité à vie.

Commentaires  

#1 poucette 17-05-2018 19:47
je ne veux pas la mort du pêcheur mais je n'aurais pas pleuré s'il allait faire un petit tour en prison
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