Le bal des faux-culs

Oyez, oyez ! Pour une fois, je ne critiquerai pas particulièrement le président de la République, ni son gouvernement, ni même les services de l’état chargés de mettre en œuvre la politique décidée en haut lieu. Et cela parce que je ne veux en aucun cas être confondu avec les opportunistes nécrophages qui se sont saisis de l’attaque à l’arme blanche perpétrée samedi dernier dans le quartier de l’Opéra à Paris. Le sang des victimes n’avait pas encore eu le temps de sécher que la surenchère médiatique avait commencé.

De la droite à l’extrême droite, c’est à qui réclamera les mesures les plus démagogiques. Sans surprise, c’est Marine Le Pen qui a ouvert le bal en réclamant des actes contre les islamistes venus de l’étranger, en méconnaissant totalement le fait que l’assaillant, bien que né en Tchétchénie, a été élevé en France, donnant beau jeu au dictateur Kadirov de rejeter la faute sur notre pays. Nicolas Dupont-Aignan, son ancien associé, en a rajouté une couche en dénonçant l’inaction de l’état et en réclamant le retour de l’état d’urgence, comme si celui-ci avait jamais empêché le moindre attentat. Plus fort encore, Virginie Calmels, vice-présidente des Républicains, a demandé une nouvelle loi antiterroriste, qui s’empilerait sur toutes celles qui ont déjà été votées depuis 30 ans, et notamment la dernière qui ne remonte qu’à octobre 2017. Mais encore une fois, c’est le fait que le terroriste soit fiché « S » qui alimente tous les fantasmes de toute-puissance des apprentis dictateurs qui aspirent au pouvoir.

La palme en la matière revient peut-être à Laurent Wauquiez, qui, en qualité de président des Républicains, a exigé que l’on trie tous ceux qui font partie de ce fichier afin d’enfermer les plus dangereux et de surveiller étroitement les autres, sans oublier d’expulser tous ceux d’entre eux qui n’auraient pas la nationalité française. Il n’a pas précisé sur quels critères on déterminerait la dangerosité des personnes en question ni de quelle manière on financerait les milliers de fonctionnaires supplémentaires nécessaires, lui qui veut pourtant les supprimer massivement. Il est vrai qu’il doit être conscient que l’hypothèse de son accession éventuelle au pouvoir est une perspective tellement éloignée que les Français auront largement le temps d’oublier ses déclarations et qu’il n’aura donc jamais à payer les violons du bal. Quant au président Macron, il a choisi de ne pas sur réagir. Au point de ne pas se déplacer, de laisser le Premier ministre et le ministre de l’Intérieur gérer la question, se contentant d’un tweet à la Trump, dans lequel il affirme « ne pas céder un pouce de terrain ». Un peu facile, mais bon, j’ai promis !