Pas de petites économies

Dans mon billet d’hier, je me permettais de suggérer au ministre de l’Économie (ou devrais-je dire le ministre des petites Économies ?) de ne pas se contenter de rogner sur les petits avantages des cheminots, mais de taper aussi sur les rémunérations des dirigeants des grosses entreprises publiques, voire des ministres eux-mêmes. Aujourd’hui, je voudrais lui indiquer un autre avantage scandaleux, qui coûte certainement trop à la collectivité, même si cela parait peu à ceux qui en bénéficient. Je veux parler d’un avantage en nature consenti par La Poste dans la région Nouvelle Aquitaine.

Figurez-vous que dans cette belle région, les postiers qui délivrent le courrier en utilisant les bicyclettes mises gracieusement à leur disposition par une direction aimante et attentionnée, avaient une fâcheuse propension à subir des accidents de la circulation lorsqu’ils ne se faisaient pas chatouiller les mollets par des molosses ou même des roquets dont on connait la tendance à se montrer hargneux pour compenser leur petite taille. Bref, dans son immense bonté, et pour motiver ses troupes dans une recherche permanente d’efficacité, la direction a établi un barème. Au bout de 100 jours sur le vélo sans accident du travail, le postier a droit à une chocolatine, selon l’expression en usage dans le Sud-ouest, ou un pain au chocolat pour les autres régions! À partir de 150 jours, ce sera un petit déjeuner, et à 200 jours, ce sera Byzance, paillettes et confetti, avec carrément un sandwich offert. Je ne sais pas combien cela coûtera au contribuable, mais ce n’est sûrement pas gratuit, même si on leur sert le modèle triangulaire type SNCF, qui a été conçu pour un prix de revient dérisoire et un prix de vente « exorbitant » (voir mon billet d’hier).

C’est qu’il y a une logique dans tout ça. Depuis quelques années, La Poste s’est transformée. Elle est passée d’entreprise publique à Société anonyme à capitaux publics. C’est peut-être un détail pour vous, mais cela ouvre la voie à une privatisation éventuelle, tiens, justement ce qui est proposé pour le rail. Pour résister à la mise en concurrence, la Poste a changé de métier, et propose désormais ses services dans tous les domaines, de la vente de pain à la visite à domicile de personnes âgées. Et ça marche ! Le groupe a accru ses bénéfices. Évidemment, le personnel ne bénéficie pas encore des retombées sur son salaire, mais un sandwich, ce n’est déjà pas rien. Et c’est le seul moyen pour faire en sorte que les postiers fassent plus attention pour livrer plus de colis dans un délai plus court. Ben oui, il n’y a pas de miracle, les effectifs diminuent régulièrement. Et ça, ce ne sont pas de petites économies !

Commentaires  

#1 jacotte 86 11-05-2018 11:42
j'espère qu'il n'y en a pas au régime sans gluten, car au prix exorbitant des produits de régime, il faudra au moins 500 jours sans accident pour avoir droit à un sandwich bien mérité!!
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