Majorité silencieuse

Alors que les préparatifs de la fête à Macron vont bon train, si l’on ose dire par ces temps de grève de la SNCF, et que le principal intéressé va malheureusement rentrer trop tard pour y assister, les salariés du groupe Air-France ont décidé d’offrir la tête de leur PDG sur un plateau au président, en guise de cadeau d’anniversaire. Ils ont en effet voté à 55 % contre les propositions de la direction, dont l’apparente générosité était soumise à des conditions permettant de les ignorer purement et simplement, selon le bon vouloir patronal.

Les syndicats, eux, demandaient une augmentation immédiate sous forme sonnante et trébuchante. Le PDG, Jean-Marc Janaillac, a cru très malin de contourner la négociation en s’adressant directement aux salariés, persuadé que la « base » se désolidariserait des pilotes, présentés comme des nantis, et que le mouvement social n’était pas soutenu par la fameuse « majorité silencieuse » dont se revendiquent tous les pouvoirs conservateurs du monde. Pour faire bonne mesure, il tentait même de transformer le référendum en plébiscite en mettant son mandat dans la balance, comme De Gaulle l’avait fait tant de fois avec succès. Mais cette fois-ci, comme De Gaulle en 1969 avec le référendum sur la régionalisation, il est désavoué et doit donc démissionner, conformément à son engagement. Notez que je ne m’inquiète pas pour son avenir : un PDG de compagnie aérienne doit forcément avoir un parachute doré à trainer dans un coin. Et les actionnaires ne lui tiendront pas rigueur d’avoir dépensé en pure perte les 300 millions que la grève a déjà coûté, du moment qu’il n’a pas cédé aux demandes du personnel, ce qui aurait fait très mauvais effet, même si ça coûtait moins cher.

Je vois dans le vote des personnels d’Air-France-KLM un motif d’espoir. Finalement, contrairement aux idées reçues, ceux qui ne faisaient pas grève n’étaient pas forcément favorables à la direction, mais pouvaient soutenir le mouvement. La position de la CFDT, misant sur la division syndicale et opposant les catégories de salariés de la compagnie, est également désavouée. Si ces résultats étaient transposés dans la société dans son ensemble, on aurait un tout autre paysage politique que celui que nous subissons. Contrairement à la propagande qui présente le président et son gouvernement comme soutenus par une majorité de Français, la réalité est que la politique de Môssieur Macron est désapprouvée par plus de la moitié de la population, malheureusement divisée et désorganisée. Toutefois, je mets au défi le président-directeur général de la société France de mettre son mandat en jeu en consultant le corps électoral, et cela, quelle que soit la question posée. Une majorité pourrait bien s’exprimer à cette occasion.

Commentaires  

#2 poucette 05-05-2018 11:45
les bonnes nouvelles étant assez rares j'avoue mettre réjouie de cette bonne nouvelle. je sais qu'une hirondelle ne fait pas le printemps ..;mais ²ça peut l'annoncer
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#1 jacotte 86 05-05-2018 11:17
j'ai pensé la même chose , espérant que l'orgueil démesuré de notre président le pousserait un jour à faire un referendum (peut importe sur quoi les motifs ne manquent pas) qui le ferait se retrouver comme un certain De Gaulle ...chiche
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