Australie !

« Encore ! Ben, oui. C’est le jeu, ma pauvre Lucette ! » Ce spot publicitaire mettait en scène un couple de retraités sympathiques, réduits à lancer des fléchettes sur un globe terrestre tournant rapidement sur son axe, afin de choisir leur prochaine destination de vacances après avoir touché le gros lot du loto. Vous remplacez Henri et Luce par Emmanuel et Brigitte, le tirage du loto par l’élection présidentielle, et vous avez une idée du calvaire que représente le choix cornélien de porter la voix de la France jusqu’aux antipodes au lieu de rester béatement regarder le défilé du premier mai à la télévision.

Car Emmanuel 1er n’a pas été élu pour commenter l’actualité à la télé, comme ces pauvres journalistes dont la mauvaise foi le met à deux doigts de sortir de ses gonds par leurs questions frisant la lèse-majesté, mais bien pour la faire. Et si au passage on peut voler la vedette aux travailleurs dont c’est la seule fête de l’année, on ne va pas se gêner pour si peu. Contrairement à Henri, Emmanuel, lui, avait prévu son déplacement de longue date et le choix du jour ne doit rien au hasard. C’est ce que l’on appelle ajouter la préméditation à son crime de mépris de la classe ouvrière. On ne saurait manifester plus clairement le souverain dédain du président pour les revendications du pays et les mouvements sociaux dont il affiche se soucier comme d’une guigne. Après avoir réussi à dynamiter les partis dits de gouvernement, il semble avoir le projet de réduire les organisations ouvrières au minimum syndical pour laisser le champ libre au marché et aux lois de la jungle, baptisées abusivement libéralisme. Au point de snober ses alliés potentiels, les syndicats se revendiquant officiellement du réformisme, à qui il ne fournit absolument aucun grain à moudre.

Ce ne sont pourtant pas les appels du pied qui auront manqué. La CFDT n’hésite pas à dénoncer les privilèges des pilotes d’Air France et appelle à approuver le référendum de la direction. Plus globalement, on s’attend à la réponse favorable de Laurent Berger à la bergère du pouvoir, mais celle-ci reste désespérément muette. Et ça commence à urger pour la direction de la confédération dont l’unique objectif est désormais de dépasser la CGT, car il lui faut fournir des résultats avant le renouvellement de ses instances pour ne pas risquer un durcissement de la base comme à Force ouvrière. Peine perdue pour l’instant. Du haut de son Olympe, Jupiter continue à jouer aux fléchettes pour trouver sa prochaine destination.

Commentaires  

#1 poucette 02-05-2018 11:23
le naturel est revenu au galop et a percé le verni de l'olympe au dessus de tout bon voyage monsieur le président et je vous permets d'allonger vos vacances d'aller voir ailleurs et même de ne pas revenir
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