Les nouveaux maîtres de forges

Le député LREM Olivier Véran, qui s’est rappelé brusquement son passé socialiste, a remis un rapport à la ministre de la Santé dans lequel il constate que trois écoliers sur dix arriveraient le ventre vide à l’école le matin, spécialement dans les zones défavorisées telles que les quartiers difficiles ou certains secteurs ruraux. Pourquoi est-ce embêtant ? Parce que les mômes n’arrivent pas à fournir les cadences d’apprentissage attendues. Il y a même une étude scientifique anglaise qui « prouve » que les écoliers ont gagné 2 mois en CP en lecture et en calcul grâce à un petit déjeuner gratuit servi à l’école avant la classe.

Il est donc urgent de lutter contre cette inégalité, non pas dans un objectif de justice sociale, mais bien pour adapter nos enfants aux impératifs de la société de production où efficacité et pragmatisme sont les deux mamelles du développement et du modernisme. Les négriers étaient de piètres gestionnaires de leurs esclaves, la mortalité était énorme dans le commerce triangulaire, entraînant un manque à gagner considérable. Tandis que les patrons paternalistes des aciéries, les maîtres de forges, avaient compris qu’il était rentable de fournir le gite, le couvert et un minimum de sécurité à leurs ouvriers pour améliorer le rendement. Les familles de Wendel, Schneider, Frèrejean ou Martin ont fait place à la nouvelle aristocratie de la bienveillance, qui veut faire notre bonheur de gré ou de force à grand renfort de lois ou d’ordonnances.

Les nouveaux maîtres de forges ont décidé de prendre en main nos existences, pour notre plus grand bien. Le modèle social est celui de la start-up, où chacun fait plus que sa part dans la joie et la bonne humeur. Grâce à sa liberté d’organisation, chaque collaborateur peut dépasser ses quotas et accéder au statut d’exploité volontaire. Le maitre mot de cette philosophie est bien évidemment celui de formation. Fini le boulot à vie, il va falloir s’adapter, donc se former à de multiples spécialités. En pratique, on s’accommodera d’un taux de chômage que l’on dira « incompressible », bien pratique pour conserver la main-d’œuvre en état de vigilance. Puisqu’on vous dit que c’est dans votre intérêt. Pourquoi aller encombrer des filières universitaires saturées quand on manque cruellement de plombiers ? Chômeurs, retroussez-vous les manches, formez-vous et arrêtez d’attendre tout d’un état providence qui a vécu. Soyez jeunes, dynamiques et flexibles, très flexibles. Allez de l’avant, surtout ne vous retournez pas, sous peine d’être changés en statues de sel. Ami, si tu tombes, console-toi, un autre numéro est prêt à prendre ta place.

Commentaires  

#1 jacotte 86 17-03-2018 13:00
quelle société cruelle...jusqu'ou ira t-on dans le décervelage? à voir notre grand timonier si bien manier la manipulation qu'il culpabilise la petite retraitée qui perd 55e par mois grâce à lui, car elle est une mauvaise citoyenne qui ne veut pas venir en aide aux jeunes , on se dit qu'on est pas au bout de nos peines!!!
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