Chenille, chrysalide et papillon.

C’est une image pour illustrer le chemin que doit parcourir un individu de l’état d’enfance jusqu’à celui d’adulte.

Après avoir vu le film Lady Bird, je me suis penchée sur le concept d’adolescence, dont l’idée n’a été vraiment retenue qu’au 19e puis au 20e siècle comme une catégorie d’âge spécifique débouchant sur la reconnaissance d’un stade de développement humain. À moins que ce soit un phénomène artificiel inventé par les sociétés et les cultures ?

Les psychologues ne sont pas tous d’accord pour dire que ce parcours correspond à une crise, certains parlent de transition, ou de changement.

Le concept de crise serait synonyme de période de tensions, de conflits incontournables, mère-fille par exemple, de perturbations, d’adaptations transitoires présentant des traits de caractère antagonistes, allant de l’enthousiasme à l’apathie, de l’euphorie à la mélancolie, de l’égocentrisme à l’altruisme. On va jusqu’à dire que l’absence de ces signes constituerait un pronostic de déséquilibre ultérieur.

Comme phénomène de transition, la période de l’adolescence se caractériserait comme un moment d’attente, dans la prolongation de la scolarité, dans la perspective de recherche de travail, intégrant la croissance biologique, et prenant fin avec la majorité civile, la fin des études, l’entrée dans la vie active, jusqu’au départ de la maison avec une autonomie économique.

 L’idée de changement recouvre l’idée d’adaptation graduelle de l’individu au milieu et à lui-même, changements physiologiques, taille, forme, capacités musculaires, caractères sexuels secondaires autant de transformations qui mènent à une autonomie croissante de la pensée, des affects et des relations à autrui.

Quelle que soit l’analyse que l’on retient, le concept d’adolescence est un concept fragile et complexe, le début de son avènement que l’on situe entre 13 et 14 ans reste une question d’âge et d’expérience. C’est un parcours fait d’exaltations, mais aussi de souffrances et de doutes qui doivent mener dans l’entrée de la vie adulte. Nul n’est à l’abri de manifester des états de « résurgence », et certains sujets n’entrent jamais dans l’âge adulte.

Le personnage de Lady Bird illustre parfaitement ces états de conflits avec la mère, entre fusion et rivalité, s’opposant à sa famille, et aux institutions. Elle teste ses limites, elle transgresse les règles et les interdits. Dans le besoin de s’affirmer, elle se crée une nouvelle identité et change son prénom. Elle rêve aussi d’appartenir à un autre milieu social, et pour cela n’hésite pas à mentir pour enjoliver son univers auprès de ses pairs, allant jusqu’à trahir une amitié installée depuis l’enfance.

 Elle a une irrépressible envie d’ailleurs, elle rêve d’émancipation et met en place sa première expérience sexuelle avec un déflorage express, marque incontournable de son libre arbitre et de son autonomie. Après toutes ces expériences, Lady Bird sortira de sa chrysalide, la revendication de son prénom de baptême, première preuve de son acceptation de ses origines autant que de son accession à l’autonomie tant recherchée. Le papillon sera prêt à affronter les réalités de la vie !

Toutes celles qui verront ce film se reconnaîtront, tant la démarche semble universelle, ou retrouveront des souvenirs de l’affrontement de cette période avec leurs adolescentes, et je souhaite patience et compréhension à celles qui ne l’ont pas encore connue, leur tour viendra !

L’invitée du dimanche