E pericoloso

Nous qui voyons très facilement la paille dans l’œil de notre voisin en ignorant superbement la poutre énorme qui encombre le nôtre, nous ne pouvons qu’être inquiets pour nos amis italiens devant les résultats des dernières élections. Nous avons l’impression que les électeurs se sont penchés un peu imprudemment à l’extérieur du wagon pour lorgner vers les organisations populistes que sont la Ligue anciennement du Nord et le Mouvement cinq étoiles qui s’est acheté récemment une respectabilité en débarquant sa tête de gondole, le comique Beppe Grillo, remplacé par un jeune loup au sourire avantageux.

Il y a bien des leçons à tirer de ce scrutin, même sans être un spécialiste de la politique en Italie. Une bonne nouvelle, de mon point de vue, c’est l’échec relatif de la formation de Silvio Berlusconi, reléguée au second rang dans sa propre coalition, qui pourrait être enfin mis hors-jeu malgré la manœuvre ultime du « cavaliere » pour contourner son inéligibilité. Le roi du « bunga bunga », à 81 ans, va enfin pouvoir se consacrer à une retraite bien méritée par les Italiens qui l’ont subi pendant tant d’années. Un autre enseignement intéressant, c’est le désaveu du Premier ministre sortant, Mateo Renzi, qui avait été présenté comme l’étoile montante de la gauche modérée, et dont le positionnement politique s’apparentait à celui de Manuel Valls en France, et même d’Emmanuel Macron. Celui que l’on présentait comme promis à un destin national, qui aurait pu inspirer toute la social-démocratie européenne a subi un camouflet l’amenant à quitter la présidence de sa propre formation, le parti démocrate.

Venons-en aux choses qui fâchent. Le cousin italien du Front national français, la Liga, a obtenu 17 à 18 % des suffrages, ce qui est beaucoup, mais moins que le score de Marine Le Pen, malgré une campagne présidentielle calamiteuse. Quant au Mouvement cinq étoiles, pour qui a voté près d’un électeur sur trois, il présente un catalogue de mesures législatives un peu fourre-tout, où cohabitent le meilleur et le pire, piochant des idées dans tous les programmes, ne se revendiquant ni de gauche ni de droite. Il semble avoir progressé dans l’opinion grâce à une image de jeunisme, son nouveau dirigeant n’a que 31 ans et de renouvellement de la vie politique, ou au moins de ses élus, mais il reste très flou sur la construction européenne et l’immigration. Si les tractations qui vont devoir s’ouvrir pour la constitution d’un gouvernement devaient l’amener à exercer les responsabilités à la tête de l’état, ces tensions ne manqueraient pas de resurgir, et les Italiens pourraient être aussi surpris que les Français de certaines décisions. D’un côté comme de l’autre des Alpes, un train peut en en cacher un autre.

Commentaires  

#1 poucette 06-03-2018 16:55
et vive la jeunesse...notre macron avec ses 40 ans va faire figure de vétéran
pauvre Italie et aussi pauvre Europe
en attendant j'irai(si je suis en forme )à la manif des retraités
le 15 mars histoire de retrouver ceux qui peuvent encore sortir
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