Les mots qui blessent

Vous connaissez l’histoire. La langue d’Ésope qui peut être la meilleure ou la pire des choses. Certains l’utilisent pour offenser leurs interlocuteurs et tenter de leur causer le plus de mal possible, d’autres s’en servent pour se défendre, et l’actualité nous en fournit deux exemples diamétralement opposés. Le premier concerne une députée de la majorité, porte-parole de La République en marche, Laetitia Avia, qui a reçu une lettre, non signée évidemment, contenant des insultes racistes et des menaces de mort, qui l’ont conduite à déposer une plainte en bonne et due forme.

Ce n’est, hélas, pas la première fois que l’on s’en prend à un ou une politique à raison de la couleur de sa peau. On se souvient des attaques continuelles subies par Christiane Taubira, spécialement quand elle était Garde des Sceaux, et avant elle du racisme haineux visant Kofi Yamgnane, ayant eu le tort de se faire élire maire de son village d’adoption de Saint-Coulitz. La lettre reçue par Laetitia Avia fait preuve d’une bêtise inouïe, où, selon les clichés habituels, on pose l’équation noir égale Africain, donc plus proche du singe que de l’homme, avec des relents de colonialisme où l’on accuse l’exploité de paresse et de cupidité. La volonté de nuire est évidente, et même si l’on ne voit guère d’efficacité à ce type d’attaques gratuites, elles n’en demeurent pas moins intolérables.

La deuxième histoire aurait tendance à me réconcilier avec le genre humain et j’avoue que j’ai bu du petit lait en voyant un journaliste célèbre, que je n’ai pour ma part jamais pu supporter, se faire remettre en place par un salarié de la SNCF devant les caméras de LCI. François de Closets, dont j’aime à dire qu’il est fermé de l’intérieur, et qui a publié de nombreux ouvrages destinés à fustiger les fonctionnaires, ces privilégiés responsables de tous les maux, remettant en cause les avantages de toutes les professions à l’exception de la sienne, a entamé le couplet habituel sur les malheureux voyageurs, pris en otage par les vilains grévistes. Mal lui en a pris. Tout journaliste qu’il est, il aurait dû prendre la peine de se renseigner sur son interlocuteur, qui se trouve avoir subi une prise d’otage, bien réelle celle-là, lors de l’attentat du Bataclan, et le lui a fait savoir, dans des termes mesurés, mais d’autant plus forts. Je me suis senti vengé des frustrations infligées par cette caste qui monopolise les médias et donne des leçons sans se remettre en cause le moins du monde du haut de ses certitudes idéologiques. D’ailleurs, François de Closets, le bec cloué, a dû laisser tomber son fromage pour un temps, et a juré, honteux et confus, qu’on ne le reprendrait plus à abuser des mots. La leçon vaut bien un fromage, sans doute.

Commentaires  

#1 poucette 01-03-2018 11:35
j'ai savouré la même leçon
hélas trop tare dans nos médias
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