La France s’ennuie

Les organisations syndicales se sont donné rendez-vous le 15 mars pour décider d’une grève à la SNCF à partir du 22 mars, journée nationale d’action dans la fonction publique. Des dates qui résonnent comme un anniversaire des 50 ans du mouvement social de mai 1968. C’est le 15 mars 1968 en effet que paraissait une chronique dans le journal Le Monde, intitulée « quand la France s’ennuie » et signée par l’éditorialiste Pierre Viansson-Ponté. Pour les uns, il s’agit d’une vision prémonitoire des évènements qui allaient suivre. Pour ma part, j’y vois plutôt le signe que l’on ne sait jamais ce que l’avenir nous réserve.

Cet éminent observateur de la vie politique y faisait le constat que les mouvements sociaux qui traversaient d’autres pays et en particulier la contestation de la guerre du Vietnam ne semblaient pas avoir de prise sur notre société et en particulier sur sa jeunesse. Il reprenait ainsi le slogan qu’avait martelé Alphonse de Lamartine pendant la monarchie de juillet jusqu’à la révolution bourgeoise de 1848 et son accession éphémère au pouvoir, avant d’être balayé par la vague du futur Napoléon III. Ni Pierre Viansson-Ponté, ni Lamartine n’avaient prévu la succession des évènements qui allaient suivre. Les possibilités d’une nouvelle explosion sociale sont impossibles à évaluer et l’on sait que l’Histoire ne repasse pas les plats. Cependant, la leçon de cet épisode c’est aussi que le calme apparent peut cacher une tempête en préparation, même si personne ne la voit arriver.

Le 22 mars 1968 naissait un mouvement qui allait jouer un rôle important dans le déroulement de ce que certains appelleront une révolution. Animé notamment par Daniel Cohn-Bendit, dit « Dany le rouge », il succède à un collectif dont une des revendications concernait le libre accès au dortoir des filles en résidence universitaire. Petite cause, grands effets. Les manifestations vont s’enchaîner et faire boule de neige, la France qui somnolait à l’issue de la période de grand calme et de prospérité économique dont on ne savait pas encore qu’elle s’appellerait les trente glorieuses, se réveillait en sursaut et faisait brutalement sauter le couvercle de la cocotte-minute dépourvue de soupape. Comparaison n’est pas raison. La France de 2018 n’est pas celle de 1968. Mais son apparente apathie ne prouve rien. La déliquescence des partis politiques et la domination écrasante du pouvoir en place sont loin de garantir la paix sociale. Peut-être même au contraire. Faute d’un débouché crédible auprès d’une opposition structurée, la possibilité d’un mouvement populaire plus spontané, moins organisé, sur le modèle de « Podemos » en Espagne, de Syrisa en Grèce ou de « Nuits debout » en France, n’est pas totalement à exclure. Comme dit la chanson : « joli mois de mai, quand reviendras-tu ? »

Commentaires  

#1 jacotte 86 28-02-2018 11:06
comment dit-on déjà... l'espoir fait vivre!!!
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