Crimes et châtiments

On a beaucoup dit depuis le début de l’affaire Weinstein que la honte avait changé de camp et que la parole libérée des femmes victimes d’agressions sexuelles faisait que rien ne serait plus jamais comme avant. Sans préjuger du résultat des diverses procédures en cours en France et dans le monde pour établir la réalité des faits reprochés par les plaignantes, il faut relever un changement dans les mentalités qui donne un espoir à toutes les victimes. C’est dans ce contexte qu’il faut apprécier le résultat des élections en Alabama et la défaite historique du candidat républicain.

Cet état sudiste était un bastion presque inexpugnable du « grand old party » dans lequel Donald Trump a devancé Hillary Clinton de près de 30 points. Le président a d’ailleurs mis tout son poids dans la campagne, faisant de la défaite de son candidat un échec personnel. Il semble que les accusations de comportements « inappropriés » à l’encontre de mineures remontant à plusieurs décennies de la part de l’ancien juge, aient fait la différence. L’électorat républicain, composé majoritairement de femmes, se serait détourné de Roy Moore, malgré ses dénégations. Donald Trump, qui fait l’objet d’accusations similaires et qui a choisi de tout nier en bloc, comme son poulain, ferait bien d’y réfléchir à deux fois avant les élections de mi-mandat pour réévaluer sa stratégie. Dans ce type de procédure, surtout quand les faits sont relativement anciens, il est en effet très difficile de prouver les allégations et c’est généralement parole contre parole. À ce compte-là, les tribunaux tranchent rarement en faveur des plaignantes. Pour l’opinion publique, c’est une autre histoire. Tout dépend alors de la crédibilité des parties en présence et la vraisemblance des accusations. Dans le cas de Donald Trump, il ne manque pas de documents attestant sa profonde misogynie et son mépris des femmes, dont il n’a jamais fait mystère, jusqu’à en témoigner imprudemment face caméra.

Trop c’est trop, et l’on peut espérer que l’électorat traditionnel finira par s’en rendre compte et se détourner de démagogues tels que le milliardaire américain. De même que l’aveuglement religieux ne permettra pas éternellement à un Tariq Ramadan d’échapper, sinon au châtiment divin, du moins à la justice des fidèles qui devraient s’interroger sur le harcèlement sexuel dont le prédicateur se dit victime par la voix de zélotes dûment chapitrés. Comment s’expliquer en effet la présence de tant de nymphomanes dans l’entourage de l’homme d’Église, qui devrait faire face à des sollicitations incessantes, à son corps défendant ? Du musulman le plus ordinaire au fermier du Middle West, le changement de mentalité semble inéluctable et, j’espère, irréversible.