À vaincre…

Sans péril, on triomphe sans gloire*. S’il est vrai que la victoire de Laurent Wauquiez à la tête de ce qu’il reste du parti Les Républicains ne souffre d’aucune contestation, elle est loin d’une surprise. Il est peu de dire que ses concurrents souffraient d’un manque de notoriété. Jusqu’à la veille de l’élection, j’ai entendu deux journalistes distincts écorcher le nom d’un des candidats qui briguaient également le poste. Le malheureux Maël de Calan, affublé il est vrai d’un patronyme inusité accolé à un prénom désuet, se voyant appeler soit Gaël de Calan, soit Maël de Galant, cependant que la troisième en lice, Florence Portelli, était à peine citée.

Pour éviter que ses adversaires ne bénéficient de la moindre tribune médiatique, Laurent Wauquiez a usé de tous les prétextes imaginables pour ne pas débattre avec ses opposants, ni en public, ni même dans le cadre de leur parti encore commun pour l’instant. Dans de telles conditions, c’est presque un miracle qu’ils aient réussi à rassembler un quart des suffrages à eux deux dans une élection où le résultat était annoncé à l’avance. Restait l’épineuse question de la participation. Difficile de mobiliser pour un scrutin sans enjeu. Là encore, les dés ont été soigneusement pipés. Laurent Wauquiez a volontairement placé la barre très bas en jugeant que 50 000 votants seraient un succès, en sachant pertinemment que ce chiffre était ridiculement faible comparé aux plus de 230 000 adhérents revendiqués par le parti Les Républicains. Cela lui permet de présenter un taux de participation de 42 % comme un bon score. Il faut pourtant le comparer avec le congrès de 2012 où 176 000 militants s’étaient exprimés contre moins de 100 000 cette fois-ci. Peu importe à l’homme dont la fidélité la plus visible est celle qu’il voue à son anorak rouge, et qui n’a pas hésité à changer de position aussi souvent que cela lui a paru nécessaire pour parvenir à ses fins.

En ce moment, Laurent Wauquiez est à droite toute. Conseillé par le très sulfureux Patrick Buisson, il épouse des thèses que ne désavouerait pas le Front National, lequel l’a mis au défi de passer un accord électoral avec lui. Mais que ses adversaires se rassurent, il n’hésitera pas à changer de cap aussi souvent qu’il le jugera utile, en usant de subterfuges si besoin est. Comme pour contourner l’arrêt du conseil d’état qui lui a interdit d’installer une crèche à l’hôtel de la région Auvergne–Rhône-Alpes, en organisant une pseudo exposition de santons. Devant cette ambition dévorante, il est à craindre que Mme Wauquiez ne soit obligée de pousser elle-même son caddy au supermarché, pendant que son mari sera occupé à se construire des arcs de triomphe dans tout le pays.

*Le Cid, Pierre Corneille, Acte 2 Scène 2