Inglourious basterds

J’emprunte le titre de cette chronique à l’excellent film de Quentin Tarentino, car il me semble que le président des États-Unis vient de franchir une nouvelle étape dans la construction de son personnage, qui pourrait lui valoir le droit au titre d’infâme salopard, qui me semble la traduction en bon français la plus proche et la plus appropriée de son action. En reconnaissant officiellement la ville de Jérusalem comme capitale légitime de l’État d’Israël, Donald Trump ne peut pas ignorer qu’il prend le risque de mettre toute la région du Proche-Orient à feu et à sang et d’enterrer pour très longtemps les chances d’une négociation sur un processus de paix.

Mais le milliardaire américain n’en a cure. Sa décision n’est fondée que sur le souhait funeste d’une réélection et le désir de satisfaire une parcelle de son électorat, « une poignée de salopards », selon le titre français du film italien dont s’est inspiré Tarentino. Dans les œuvres de fiction, les soi-disant salopards, mis au ban de la société pour leurs rapports élastiques avec la loi, se révèlent des patriotes, ou des héros positifs prêts à risquer ou sacrifier leur vie pour la bonne cause. On retrouve ce thème dans de nombreux films, tel le chef-d’œuvre de Kurosawa, les 7 samouraïs, puis son adaptation américaine des 7 mercenaires, ou encore les douze salopards, réduits à 8 dans un autre Tarentino récent, sans compter les multiples remakes. Dans la réalité, Donald Trump est un salopard authentique, qui n’usurpe nullement ce titre d’infamie, et qui s’attache à mettre en œuvre tout ce qu’il avait annoncé pour se faire élire en flattant les instincts les plus contestables de sa base électorale. Il a ainsi désengagé les États-Unis de l’accord sur le climat, il tente par tous les moyens de défaire l’œuvre de son prédécesseur sur la politique de santé, et il essaiera de bâtir le fameux mur de la honte à la frontière mexicaine.

Le slogan de Trump, rendre sa grandeur à l’Amérique, se traduit dans les faits par un isolationnisme forcené où ce n’est plus l’Amérique d’abord, mais l’Amérique seulement. Si les présidents successifs ont toujours tenu jusqu’à présent à jouer un rôle d’arbitre dans les conflits internationaux, ce n’est pas le cas de celui-ci, qui ne se préoccupe que de ses propres intérêts, qu’il fait passer pour ceux de l’Amérique. On en est réduit à espérer que ses imprudences avec la Russie, qui lui ont en partie permis de se faire élire, le rattrapent enfin et l’obligent à renoncer à un second mandat, ou même, soyons fous, à se démettre comme Nixon pour s’éviter l’humiliation d’une destitution.

Commentaires  

#1 jacotte 86 08-12-2017 11:08
on en arrive à souhaiter qu'un Lee Harvey Oswald se prépare quelque part pour effacer de la planète ce fou dangereux.
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