Lettre à mon ange gardien
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 18 octobre 2017 11:00
- Écrit par Claude Séné
Ce n’est pas pour me vanter, mais moi qui vous parle, j’ai un ange gardien, et il vient de m’adresser un courrier. Enfin, pour être plus précis, il m’a envoyé un email, il faut bien vivre avec son temps. Si je regarde bien, d’ailleurs, ce n’est pas lui directement qui s’adresse à moi, mais un certain « Padre » qui m’écrit de sa part. Ne me demandez pas pourquoi il a recours à des intermédiaires, je n’en sais rien. Il a peut-être plusieurs paroissiens à couver sous son aile, allez savoir.
C’est d’autant plus sympa de sa part de me consacrer un peu de temps, moi qui ne lui ai jamais rien demandé et qui, pire encore, ne crois guère en lui, pas plus qu’en la Providence et autres bondieuseries juste bonnes à dorer la pilule des croyants pour leur faire accepter la rudesse du quotidien dans l’espoir d’un au-delà hypothétique. Quoi qu’il en soit, Padre est formel, mon ange gardien lui a confié trois révélations importantes à mon sujet, et il ne tient qu’à moi d’en être informé. Padre a mis sa photo, un vieillard chenu au regard doux et rassurant de grand-père idéal, portant beau avec sa barbe bien taillée. Il a le type hispanique, tendance mexicaine, et semble sorti tout droit d’un western avec Anthony Quinn. Il m’explique, devançant mes questions, qu’il a reçu un don du ciel, le pouvoir d’entendre les messages du monde supérieur où résident les anges. Et justement, j’ai du courrier, qu’il est prêt à me transmettre gratuitement.
Alors je n’ai pas l’adresse de mon ange, mais Padre, lui, habite à Hong-kong, pas trop loin de l’empire céleste, je suppose. Les importantes révélations dont il doit me faire part vont me permettre de faire table rase de tous mes problèmes. J’avoue que c’est tentant. Je me demande ce qu’il peut me conseiller au sujet de l’augmentation de la CSG. J’ai bien peur que cela ne rentre pas dans ses attributions. Si c’est pour m’expliquer qu’il faut que je me serre la ceinture dans ce monde-ci et que j’accepte toutes les injustices sans broncher sous prétexte d’un jugement dernier qui rétablira la balance, je crois que je préfère ne pas savoir. Cela me rappelle une petite histoire, que vous connaissez peut-être. C’est un gars sur un pont, il voit un type sauter et se mettre à planer ! il demande à un autre type comment il fait et il lui répond que tout le monde peut voler, ici, même lui, et il le prouve en sautant aussi. Alors le gars se lance à son tour et s’écrase lamentablement au bas du pont. Et le 2e type dit au premier : « pour des anges, on est quand même de sacrés enfoirés ».
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