Place aux jeunes ?

Les résultats des élections législatives en Autriche semblent confirmer une double tendance qui traverse l’ensemble des pays européens. Un rajeunissement de la classe politique, associé à une droitisation des opinions publiques. Le jeune chef du parti chrétien-démocrate arrivé en tête, Sebastian Kurz, a fait campagne à la manière de Sarkozy en 2007, en reprenant à son compte les thèses de l’extrême droite concernant notamment l’immigration. Ce qui n’a pas empêché le sulfureux FPO, équivalent du Front national en France, de réaliser un de ses meilleurs scores.

À 31 ans, Sebastian Kurz est le mieux placé pour devenir le plus jeune dirigeant en activité d’un pays occidental, et d’établir le record en la matière. Emmanuel Macron, avec ses 39 ans, fera figure d’ancêtre, tout comme Justin Trudeau au Canada, arrivé au pouvoir à l’âge de 43 ans en 2015. Il n’est pas question pour moi de défendre la gérontocratie, qui a longtemps présidé aux destinées de l’Union soviétique par exemple, sans convaincre du bien-fondé de maintenir au pouvoir des vieillards cacochymes, dont on pouvait craindre le déclin des facultés intellectuelles autant que physiques. Ce n’est pas une raison pour se livrer à une course à l’échalote pour promouvoir des dirigeants dont la qualité principale serait l’inexpérience. À ce compte-là, il se trouvera toujours un nouvel arriviste aux dents longues (et blanches, de préférence) pour déclarer : « plus jeune que moi, tu meurs » et briguer le pouvoir suprême. Lorsque les institutions ne prévoient pas de limitation dans le temps des mandats des dirigeants, on peut même cumuler les inconvénients de l’excès de jeunisme avec ceux du vieillissement, comme on a pu le voir dans certains pays africains, avec des règnes interminables de jeunes militaires ambitieux.

Le plus inquiétant dans tout ça, c’est que les jeunes dirigeants sont presque tous des tenants d’une forme de pragmatisme qui les conduit à renoncer à la plupart des idéaux de progrès, au profit d’un conservatisme étriqué, quand ils n’embrassent pas carrément les thèses de l’extrême-droite dans une course en avant suicidaire. Ce ne serait pas la première fois que l’Autriche remette son sort à une coalition entre conservateurs et ultras de droite après la percée du FPO et l’arrivée de Jorg Haider au gouvernement en 1999, mais cette fois, il est à craindre que cela n’émeuve plus grand monde. Si l’on devait suivre cette logique en France, ce qu’au diable ne plaise, il y a une personnalité fort inquiétante, provisoirement retirée de la politique, qui n’aura que 33 ans à la prochaine élection présidentielle et qui représente la dynastie Le Pen, suivez mon regard, mais surtout pas trop longtemps.

Commentaires  

#1 jacotte 86 16-10-2017 11:33
Question peut-être un peu simpliste et pourtant...
qui est responsable de la perte d'idéal démocratique de tous ces jeunes politiciens aux dent longues qui ne connaissent que la politique du plus fort? il y a plus d'une génération qui petit à petit soucieuse du progrès matériel a laissé se pervertir les valeurs humanistes...
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