Tout… va… bien !

Mais oui, on s’inquiète pour rien. « Dormez, braves gens, c’est le guet qui veille sur vous ». Nous n’en sommes pas encore au monde merveilleux de Big Brother comme dans le roman 1984, mais on y travaille. Aujourd’hui, j’en prendrai deux exemples, qui prouvent que si tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, nous approchons au plus près de la perfection, et qu’il faut être bien pessimiste pour ne pas voir la main de la Providence dans le déroulement des opérations.

Le premier cas concerne le Lévothyrox, dont on a cru à tort que la nouvelle formule avait causé des effets secondaires néfastes sur 14 000 patients. La nouvelle est tombée il y a peu, et elle est extrêmement rassurante. Les études sont formelles, il n’y a aucun lien entre ces troubles et le nouveau médicament. C’est l’agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé qui nous le dit. Et elle est bien placée pour le savoir puisque c’est elle qui avait demandé au laboratoire pharmaceutique de modifier la formulation de l’ancien médicament, par pure précaution d’ailleurs, puisqu’il donnait satisfaction aux 3 millions de malades qui l’utilisent régulièrement. Donc le Lévothyrox est hors de cause, et c’est heureux. Imaginez la catastrophe industrielle s’il fallait retirer de la vente un produit aussi largement diffusé et qui jouit d’un quasi-monopole sur le marché du traitement de l’insuffisance thyroïdienne. Le laboratoire ne serait-il pas fondé à se retourner contre l’ANSM ? Et depuis quand est-ce que les clients ont leur mot à dire sur leur traitement ? On va où, là ? Déjà, sur 14 000 plaintes, l’ANSM n’en retient que 5 000, et seulement 4 décès, autant dire rien. Donc, circulez, il n’y a rien à voir.

Pas plus d’ailleurs que dans les centrales nucléaires françaises où la sécurité est maximale. C’est pour le démontrer que des activistes de Greenpeace ont eu l’idée saugrenue d’aller tirer nuitamment un feu d’artifice dans l’enceinte de la centrale de Cattenom. Mal leur en a pris. Les militants ont été interpelés par la gendarmerie. Non, mais ! C’est bien la preuve que nous ne risquons rien, puisque la centrale n’a pas explosé. Il est bien évident que de véritables terroristes auraient eux aussi attendu sagement l’arrivée des forces de l’ordre sans sortir le plus petit pétard et encore moins de bouteilles de gaz pourvues d’un dispositif de mise à feu. Vous voulez que je vous dise ? C’est quand même rassurant de savoir que l’on est protégé et que l’on peut dormir sur ses deux oreilles, quand on habite à proximité d’un des 58 réacteurs nucléaires, ou même plus loin d’ailleurs. Tout… va… bien !