Petit bréviaire libéral

Vous ne trouvez pas que Bruno Le Maire a une tête de séminariste ? Emmanuel Macron nous a joué l’enfant de chœur et Édouard Philippe, le premier communiant. Rien d’étonnant qu’il ait fallu réunir le gouvernement en conclave pour peaufiner la communication et tâcher de célébrer d’une même voix la grand-messe de la doctrine qui les réunit, du moins pour le moment. Ouvrez donc votre missel à la page du projet de budget. Comme pour la foi en la religion, catholique ou autre, il est nécessaire d’adhérer à quelques principes, qui ne peuvent pas être prouvés.

Le premier axiome dont nous avons été abondamment abreuvés dans la période précédente heurte le sens commun et dément l’expérience de la vie quotidienne. Il fallait admettre sans démonstration qu’il suffit de faciliter le licenciement pour déclencher une embauche massive. Je sais, c’est un peu dur à avaler, mais la multiplication des pains aussi, et pourtant ! Hommes et femmes de peu de foi, mettez-vous à genoux et priez, faites semblant de croire et bientôt vous croirez, comme le charbonnier, dont la profession a disparu. Bon, ça, c’est fait. Les ordonnances sont passées. On attend de pied ferme les chômeurs qui ne vont pas tarder à se présenter en rangs serrés aux portes des usines pour bénéficier, sinon de la manne céleste, il ne faut pas exagérer, mais du maigre viatique d’un emploi précaire taillable et corvéable à merci, pour une durée aussi limitée que la rémunération qui lui sera associée.

Passons donc aux affaires sérieuses. Contrairement à une idée reçue, il ne faut pas donner de l’argent aux pauvres. Ces gros bêtas, soit ils le dépensent pour se nourrir, ou pour s’acheter des écrans plats, soit ils le mettent sur leur livret de caisse d’épargne, qui ne rapporte rien et qui permet juste de construire des logements sociaux. Non, il faut le donner aux riches, encore et toujours plus, parce que, eux, ils vont le dépenser intelligemment. Ou le garder, d’ailleurs. Et ça profitera à tout le monde ! parce que l’argent va ruisseler, comme dans une pyramide de coupes de champagne, où l’on verse le précieux breuvage tout en haut, pour qu’il s’écoule progressivement dans les étages inférieurs. On n’a jamais vu la pluie remonter au ciel, non ? Pour les incrédules, j’ai gardé l’argument massue pour la fin. C’est imparable : plus il y a de riches et moins il y a de pauvres. Évidemment, au rythme actuel, cela peut demander un peu de temps. Comme dans cette vieille publicité pour le riz Lustucru, où l’on voyait un explorateur parcourir la moitié de la terre en affrontant moult dangers pour ramener un récipient au PDG installé confortablement dans son bureau et qui prélevait le fameux grain pour le mettre dans son coffre en s’écriant triomphalement : « et de deux ! continuons ! »

Commentaires  

#1 Isabelle 12-10-2017 14:03
Citons le grand Georges qui chantait: "je voudrais avoir la foi d'mon charbonnier qu'est heureux comme un pape et con comme un panier..." C'est juste injurieux pour les paniers!
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