Justice expéditive

Les choses n’ont pas traîné. À peine 10 ans après les premiers soupçons d’un financement occulte de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, voilà que l’ancien président, ou du moins son homme de paille, Paul Bismuth, va probablement être déféré devant un tribunal correctionnel pour répondre d’accusations de corruption, trafic d’influence et recel de violation du secret professionnel. Si l’on songe que Guillaume Seznec n’a toujours pas été réhabilité, malgré de nombreux recours, pour une condamnation qui remonte à 1924, on peut considérer que la justice a fait ici preuve d’une remarquable célérité.

On pourra m’objecter, votre honneur, que cette parenthèse dans la procédure judiciaire n’a pas profité au principal intéressé, qui a échoué dans sa tentative de se faire réélire à la tête de l’état, et n’a même pas réussi à se faire désigner comme candidat du parti qu’il avait pourtant présidé au temps de sa splendeur. On a l’impression que Nicolas Sarkozy est redevenu Paul Bismuth et qu’il ne parviendrait plus à se faire nommer représentant des copropriétaires de son immeuble, à supposer qu’il brigue cette fonction. Autant le moindre soupçon d’une irrégularité dans le comportement de Nicolas Sarkozy aurait fait la une des journaux quand il était président, autant la nouvelle d’un procès de Paul Bismuth pour des faits graves passe aujourd’hui pratiquement inaperçue. On a beau se dire qu’il est réconfortant de penser que nul n’échappe à la justice, le tempo joue un rôle primordial dans le destin des intéressés, et donc le nôtre par voie de conséquence. Les emplois fictifs de Chirac à la mairie de Paris, ont bien été sanctionnés, mais 20 ans après, sans conséquence sur la carrière du président.

Ce doit être d’autant plus rageant pour un autre postulant au pouvoir suprême et explique peut-être en partie son acharnement à se maintenir contre l’adversité. François Fillon a dû trouver extrêmement injuste qu’il doive payer de sa candidature une vétille quand tant d’illustres prédécesseurs poursuivaient leur carrière et bénéficiaient d’une immunité de fait et de droit. On pourrait même imaginer un scénario dans lequel, pour une raison quelconque, le scandale du Sofitel n’aurait pas éclaté publiquement en 2011. Qui sait, Dominique Strauss-Kahn serait peut-être en train de commencer son second mandat en attendant tranquillement un hypothétique procès, forcément suspendu le temps de sa présidence. Vous ne me croyez pas ? souvenez-vous de la popularité de DSK à l’époque, président du FMI, personnalité politique préférée des Français, promis à une désignation sans histoire comme candidat du PS et à une élection « dans un fauteuil » contre Sarkozy. Entre l’impunité et le lynchage, il devrait y avoir place pour une justice impartiale.

Commentaires  

#1 jacotte 86 07-10-2017 10:47
le seul mot de justice me donne des boutons… c'est comme avec la police il vaut mieux ne pas avoir à faire à elle ou alors il faut s'armer de patience pour obtenir réparation. Beaucoup se casseront les dents à essayer de la modifier ,même supposée indépendante, elle incarne un pouvoir capable d'épargner les plus grands selon son bon vouloir.
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