Le mépris

De toutes les émotions de base, voilà celle qui semble la plus coûteuse à vivre… c’est une émotion négative ressentie à l’égard d’un individu ou d’un groupe d’individus, que l’on juge comme sans intérêt ou inférieurs, au regard de leur conduite condamnable, indigne d’estime ou d’égards.

C’est une émotion toxique générée par le dégoût, corporellement elle exprime l’hostilité avec un nez remonté, des coins de lèvre baissés, ajoutés à un ton particulier !

En tant qu’émotion mixte, car contenant d’autres émotions, on peut distinguer deux formes de mépris. Le mépris camouflage, colère, peur, jalousie et peine. On fait comme si l’on se sentait au-dessus de la situation, c’est le « même pas mal » c’est une réaction de défense pour ne pas laisser voir ses vrais sentiments, pour ne pas se trouver en situation de vulnérabilité. Elle a donc un aspect positif pour l’individu, c’est une double protection, elle camoufle notre insécurité tout en touchant l’autre au point de l’affaiblir. Mais il y a aussi le mépris réaction, par lequel on exprime notre désaccord, un jugement de mésestime à l’égard d’un comportement qui heurte nos valeurs. Si on le montre, c’est qu’on est prêt à livrer ouvertement ce qu’il cache, cela nous rend un peu vulnérables, car on montre combien nous sommes concernés, mais cet aveu c’est aussi une recherche d’échange, voire de confrontation. La personne qui méprise tente d’attaquer l’autre dans son identité ou sa fierté, elle prétend se sentir supérieure et veut se le faire croire elle-même, en réalité elle prouve une grande insécurité comme si la meilleure défense c’était l’attaque. Le mépris d’autrui ne nous atteint que si l’on accorde de l’importance à sa personne !

Le mépris le plus difficile à supporter c’est sûrement celui que l’on s’inflige à soi-même, il est la marque de la perte de l’estime de soi, il montre la difficulté de s’accepter, de s’aimer et un manque de confiance en soi évident. La parade à cette auto dépréciation, à ce jugement défavorable à son égard, est le développement d’un narcissisme solide qui confère une telle confiance qu’elle permet l’ouverture à l’autre… en cas contraire la réponse à la communication est la colère, l’agressivité, le rejet, le mépris.

Il est des mépris intolérables, ce sont les mépris de classe, entretenus par les politiques. Déjà en 1935 dans « le temps du mépris » Malraux écrivait : « le mépris des hommes est fréquent chez les politiques, mais confidentiel ». Confidentiel hélas il ne l’est plus et les exemples sont nombreux, depuis le « casse-toi pauv » con » de Sarkozy en passant par les « sans dents » de Hollande, et ceux donnés par notre président quand il n’était encore que ministre, conseillant de travailler pour s’acheter un costume, ou souhaitant le développement du transport en autocar pour que « les pauvres » puissent voyager ou regrettant l’illettrisme des employés des abattoirs du Gad...

Pour ne pas se laisser atteindre par ces humiliations, une pirouette, « c’est celui qui dit qui y est », ou encore « nul n’affirme son humanité au mépris des autres » Christiane Taubira.

L’invitée du dimanche

Commentaires  

#1 Claude 13-08-2017 10:43
"et mes chaussettes, tu les aimes mes chaussettes?" Cette publicité parodiait la célèbre scène du film de Godard entre Brigitte Bardot et Michel Piccoli où elle détaillait chaque partie de son corps. Une scène de nudité imposée par les producteurs, assez éloignée du roman de Moravia qui m'avait fait forte impression à l'époque.
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