Même pas peur

Quand un paranoïaque, rencontre un autre paranoïaque, qu’est-ce qu’ils se racontent ? des histoires de guerre nucléaire… la confrontation entre Donald Trump et Kim Jong-un n’a pas eu lieu physiquement, mais ils se sont copieusement défiés par médias interposés. On a beau savoir qu’il y a une bonne part de bluff dans les déclarations de l’un et de l’autre, on n’est pas plus rassuré que ça quand même. Le dictateur nord-coréen a annoncé son intention de tirer des missiles intercontinentaux sur le voisinage immédiat de la base militaire américaine de Guam.

S’il met sa menace à exécution, Donald Trump lui a promis « le feu et la colère », ce qui pourrait se traduire par une riposte disproportionnée et initier une escalade désastreuse pour le monde entier, ce qu’au diable ne plaise. Le tempérament colérique et impulsif du président américain ne plaide pas en faveur de la paix. On peut se demander ce qu’il serait advenu de la crise des missiles de Cuba en 1962 si Donald Trump avait occupé le siège de JFK à la Maison-Blanche. Et l’on ne peut qu’être préoccupé par les déclarations guerrières de ces deux protagonistes d’une pantomime sinistre dont ils pourraient bien ne plus savoir comment se sortir sans perdre la face vis-à-vis de leurs populations respectives. Pour l’instant, nous n’en sommes qu’au stade de sales gamins qui s’essaient dans la cour de récré au jeu de celui qui pissera le plus loin, mais cela peut très rapidement dégénérer quand on sait qu’un des protagonistes est à deux doigts de maitriser l’arme nucléaire et que l’autre a déjà utilisé la bombe atomique à Hiroshima puis à Nagasaki il y a tout juste 72 ans. Nous pourrions nous retrouver avec un scénario proche du film de Stanley Kubrick, Docteur Folamour, où personne ne peut plus stopper la machine infernale des destructions mutuelles.

Et le risque d’extension du conflit, s’il venait à éclater, n’est pas nul. On a vu comment l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand à Sarajevo en 1914 a pu déclencher la première guerre mondiale par le jeu des alliances et des accords d’assistance mutuelle. Si le régime de Pyongyang n’est guère soutenu que par deux seuls alliés, ceux-ci sont de poids : la Chine et la Russie dont on espère qu’elles modéreront les provocations de Kim Jong-un. Quant aux États-Unis, notre sort est lié au sien par les traités internationaux dont celui du traité de l’Atlantique-Nord qui nous engage à une aide et une assistance militaire réciproque, à condition d’être l’agressé, et non l’agresseur. Rien de plus facile à démontrer, que ce soit vrai ou non. C’est moi, ou il fait un peu froid tout d’un coup ?