Paquet cadeau

Les cent jours d’Emmanuel Macron sont l’occasion de dresser un premier bilan de son action à la tête de l’état. Comme il est de tradition, ses partisans ne manqueront pas de lui tresser des couronnes, tandis que ses contempteurs souligneront les aspects les plus négatifs de sa politique. Il y a toutefois une sorte de consensus sur un aspect particulier qui serait le respect de la parole donnée. Emmanuel Macron a fait campagne sur des promesses électorales telles que l’engagement de légiférer par ordonnance sur le Code du travail et se flatte d’avoir fait ce qu’il avait dit.

On peut y voir en effet une sorte de progrès si l’on se réfère à Jacques Chirac, qui s’est fait élire en 1995 sur la lutte contre la « fracture sociale », dont il n’a rien eu de plus pressé que de la remiser aux oubliettes de l’histoire. Une attitude assez bien résumée par l’adage selon lequel les promesses n’engagent que ceux qui les croient. Dans une certaine mesure, le discours du Bourget de François Hollande où il s’engageait à lutter contre les excès de la finance, son « ennemi », l’a aidé à conserver les suffrages des électeurs de gauche, qui n’ont pu être que déçus par la réalité de la politique mise en œuvre par le président une fois élu. De ce côté-là, Nicolas Sarkozy n’avait pas caché les aspects sécuritaires et l’orientation libérale de son quinquennat, et il avait axé sa campagne perdue des primaires de droite sur le « tout dire avant, pour tout faire après ». Cette attitude peut être séduisante sur le papier, mais elle fait litière de toute nuance et oblige l’électeur à accepter ou rejeter en bloc tout ce que peut proposer un candidat et l’empêcherait d’y apporter la moindre modification ultérieure.

Cette difficulté, déjà présente au premier tour, quand il s’agit de sélectionner son candidat préféré, avec lequel on ne partagera pas nécessairement la totalité des options, s’exacerbe au second où le choix se résume à départager deux personnalités, souvent en éliminant plutôt qu’en choisissant. Il n’est pas étonnant que les présidents tendent à s’aligner rapidement sur leur score de premier tour, celui des votes positifs, qu’ils aient annoncé la couleur auparavant ou pas. C’est donc un abus de langage que de se prévaloir de ses déclarations de campagne pour justifier n’importe quelle mesure au nom de la démocratie et du suffrage universel. Les présidents successifs ne tardent pas à en faire l’amère expérience, surtout quand la représentation nationale est tout entière dévouée à leur cause et que la contestation ne peut s’exprimer que dans la rue. Macron y fera-t-il exception ?