Statut

Cela faisait partie des promesses de campagne du candidat Macron, bien que personne à ma connaissance ne lui ait rien demandé à ce sujet. Il voulait que son épouse, au cas où il serait élu, bénéficie d’un statut de « première dame » dont on comprenait qu’il serait calqué sur celui de « first lady » aux États-Unis. Depuis lors, une pétition a été lancée sur Internet pour s’opposer à cette mesure, et elle a recueilli 220 000 signatures en quelques jours. Pire encore, un sondage a montré que 68 % des Français y étaient défavorables.

Deux raisons suffisantes pour que le capitaine Macron décide de réduire la voilure, surtout quand le temps de la popularité a tendance à se gâter. Le statut va donc sans doute céder la place à une charte, pas même une loi et encore moins une réforme de la Constitution, qui s’appliquera à Brigitte Macron, et à elle seule. Le débat n’est cependant pas clos sur le rôle que peut exercer un conjoint, officiel ou non, d’un chef de l’état. Les partisans d’un statut plaident pour une « transparence », une visibilité des moyens attribués, selon eux de toute façon, à cette personne, sous forme d’un secrétariat, un local et du personnel. Pour ma part, je n’en vois pas la nécessité. Il me semble que si Brigitte Macron veut se rendre utile, rien ne l’empêche de faire du bénévolat en bénéficiant de la notoriété qu’elle doit à son mari. Puis-je lui suggérer le Secours populaire français, qui vient en aide à nombre de ses concitoyens qui en ont grand besoin ?

L’expérience a montré que rien ne s’oppose à ce qu’un président de la République, François Hollande en l’occurrence, soit « célibataire ». Il en a été de même pour Sarkozy avant de se remarier avec Carla Bruni. Ni le prestige ni la grandeur de l’état n’en ont été affectés. Et je ne sache pas que le mari d’Angela Merkel interfère dans la politique de l’Allemagne. Emmanuel Macron serait bien inspiré de méditer sur la perception que les enfants ont du couple présidentiel. Il est allé dernièrement rendre visite à des enfants franciliens en séjour sportif organisé par le SPF précisément, avec le concours de la fondation du PSG. Il a répondu aux questions des jeunes participants et notamment à celle qui s’inquiétait de l’absence de son épouse. Alors qu’il tentait laborieusement d’expliquer qu’ils n’étaient pas toujours ensemble, un enfant a résumé son point de vue, certainement inspiré de son propre quotidien, en concluant péremptoirement : « elle prépare le repas ! » s’il a déclenché l’hilarité, ce gamin a quand même exprimé une certaine vérité : les Français n’attendent pas spécialement quelque chose de Brigitte Macron, pour laquelle ils n’ont pas eu à voter.