Dégoût… et des couleurs

Je veux parler de celles que l’on peut voir sur notre visage, qui vont du blanc au verdâtre, quand nous sommes saisis par cette émotion élémentaire qu’est le dégoût.

Cette forme de colère en réaction à un trop-plein, à une répulsion physique ou morale, manifeste une insatisfaction assortie souvent d’un jugement moral sur son objet.

Le sentiment de dégoût s’applique aussi bien aux odeurs, aux aliments, aux images pour des raisons esthétiques, aux personnes dont les apparences physiques sont rejetées, qu’aux situations évoquant le sentiment de souillure, il est indubitablement lié aux notions de bien, de bon, de mal.

Le dégoût peut cacher des peurs, des insécurités, qui ne seraient alors qu’un déplacement de vécus inavouables.

Considéré comme une sensation négative, face à un vécu qu’on va vouloir fuir, il rime avec besoin d’éloignement. Il nous invite à prendre nos distances par rapport à une situation ou un élément néfaste, démarche saine et salutaire.

Bien des choses peuvent être secrètement à l’œuvre derrière le dégoût, par le mouvement corporel qu’il suscite, il laisse notre inconscient être le meilleur guide pour savoir ce qui est bon pour nous. Écouter son dégoût revient à mieux définir ses besoins, dont celui de l’éloignement.

Si le dégoût est associé au rejet, son corollaire positif est celui de l’attraction, ce couple « répulsion attraction » est la base même de notre système solaire, c’est un phénomène adapté aux fonctions de l’univers, donc parfait, pour nous aussi, éléments de cet univers.

Si l’on s’éloigne de quelque chose, c’est que l’on se rapproche d’autre chose. On va suivre ce phénomène universel qui va nous informer sur un processus naturel capital pour nous guider vers une plus grande connaissance de nous-mêmes et de nos besoins authentiques. En portant attention aux sensations corporelles, on va vers quelque chose de plus calme dans un lieu plus sécurisé, on y met des mots, voire des images, pour retrouver sa maîtrise.

Ces manifestations corporelles, en plus de la couleur de notre visage, s’illustrent par le front plissé, les yeux fermés, les grimaces, mais aussi par un estomac contracté, la gorge nouée, des haut-le-cœur, des nausées, et mobilisent presque tous les sens. C’est un sursaut, ce n’est ni un jugement ni même un sentiment c’est une émotion relative à des sensations physiques, physiologiques, mais en réponse à un acte contraire à nos valeurs il entraîne une dimension morale implicite.

La psychanalyse pense que toute répulsion serait la conséquence du refoulement d’une attirance.

Dans « l’être et le néant », puis dans « la nausée », Sartre fait du dégoût la manifestation privilégiée de la condition humaine prise dans son existence individuelle dont la nausée est la modalité subjective. Pour lui toute émotion donne sens à une conduite !

Émotion incontournable, le dégoût essentiellement physique peut devenir moral, par exclusion et rejet de ce qui est bas et misérable, il peut engendrer le mépris, cette autre émotion de base, sujet de mon prochain billet !

L’invitée du dimanche

Commentaires  

#2 jacotte 86 06-08-2017 12:04
intéressant effectivement!!
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#1 Claude 06-08-2017 11:12
à découvrir ou redécouvrir cette chanson de Souchon de 1978, alors pauvre Toto trentenaire malheureux: "tout p'tit déjà, c'est fou comme tout m'foutait le dégoût"
https://www.youtube.com/watch?v=T0IuziAURdY
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