Pandi-panda

La vague d’attendrissement sur les pandas géants, « trop mignons », ne date pas d’hier. Dès 1984, la Bécassine de service, enfin, sa cousine, Chantal Goya, contribuait à l’abêtissement de la classe biberon en mettant en scène ce personnage, dans le but déclaré de la protection de l’espèce alors très menacée. Depuis, la Chine a redressé la situation en protégeant et en élevant les pandas, qui sont devenus les mascottes et les ambassadeurs du pays. C’est ainsi que la France a obtenu le prêt d’un couple de ces ursidés en 2012, en signe d’amitié entre les deux pays.

Huan Huan et Yuan Zi coulaient donc des jours paisibles au zoo de Beauval dans le Loir-et-Cher, ce qui est un euphémisme quand on sait que les pandas ont peu à envier aux aïs, des singes bien connus des cruciverbistes sous la définition de « paresseux ». Leur activité principale consiste en effet à se nourrir, une affaire qui leur demande 14 heures par jour pour assimiler la vingtaine de kilos de pousses de bambou nécessaires à leur survie. Voilà qui laisse peu de temps pour la bagatelle, ce qui explique que les reproductions en captivité sont assez rares. D’autant plus que la période de fécondité se limite à 48 heures par an. Il a donc fallu aider la nature en procédant à une insémination artificielle, et les soigneurs ont pu constater que Huan Huan attendait un heureux évènement, et même doublement heureux puisqu’elle était enceinte de jumeaux. Malheureusement, comme souvent, un seul des bébés a été suffisamment vigoureux pour survivre, comme si les pandas appliquaient encore la politique de l’enfant unique, abandonnée par la Chine depuis le 1er janvier 2016.

La mère, qui pèse une centaine de kilos et l’enfant, qui pèse 140 grammes, se portent bien, selon l’expression consacrée. On peut s’attendre à une pandamania renouvelée dès que le petit aura suffisamment grandi pour être présenté au public. Le panda est déjà l’emblème du WWF, le fonds mondial pour la nature. Il a le côté rassurant du nounours, le teddy bear qui accompagne nombre de nos chers bambins dans leur prime enfance, sans le côté inquiétant de prédateur de l’ours des Balkans, réintroduit dans les Pyrénées, et sujet à polémique par ses attaques sur les troupeaux. Bien que potentiellement carnivore, ce qu’il peut être à l’occasion, le panda est à 99 % végétarien. Le bébé, qui n’a pas encore de nom, sera restitué à la Chine quand il aura deux ou trois ans, de même que les parents, sauf nouvel accord, devront retourner dans leur pays d’origine en 2022.