Fair-Play

Tout a été dit sur le transfert du siècle, celui de Neymar du club de Barcelone vers le Paris Saint Germain. Il s’agit de football, bien sûr, mais l’aspect sportif devient anecdotique au regard des sommes faramineuses mises en jeu pour s’assurer les services des joueurs les plus réputés. Le PSG a dû s’acquitter d’une véritable fortune pour débaucher le Brésilien : 222 millions d’Euros à verser au Barça, qui réalise au passage une jolie plus-value, puisqu’il avait payé « seulement » 57 millions au club brésilien de Santos en 2013.

La « clause libératoire » est une belle invention pour désigner de façon détournée que l’on vend et l’on achète en réalité un être humain comme une vulgaire marchandise. Les footballeurs les plus réputés sont ainsi l’objet d’un trafic très lucratif qui s’apparente à de l’esclavage, bien que très doré. On assiste depuis quelques années à l’explosion des sommes réclamées par les clubs pour laisser partir leurs « pépites ». Le précédent record de transfert remontait à 2016, avec 105 millions d’euros versés à la Juventus de Turin par Manchester United pour le milieu de terrain français Paul Pogba. Et Zinedine Zidane avait été acheté 75 millions en 2001 par le Real de Madrid, un record pour l’époque. À cette somme déjà énorme, il faudra ajouter les salaires du joueur, évalués à 30 millions par an, sans compter les impôts, dont se réjouit déjà le ministre du Budget. En tout, il faut compter sur un demi-milliard d’investissements sur les 5 ans prévus au contrat.

On imagine tout ce qui pourrait être réalisé pour une telle somme dans des domaines nettement plus importants, mais il n’y a pas de vases communicants. Contrairement aux apparences, l’opération n’est pas nécessairement un gouffre financier, grâce aux retombées marketing. La venue de David Beckham avait été compensée par les ventes de maillot en boutique. La billetterie et les droits de retransmission pourraient aussi apporter leur écot. Mais les concurrents du club parisien, notamment espagnols, crient au non-respect du « fair-play financier », une règle édictée pour que la hiérarchie des clubs reste immuable, à cause des fonds qataris possédant le PSG qui n’ont pas de limite financière et seraient à l’origine de l’inflation des budgets dans le football. C’est plutôt cocasse d’invoquer le fair-play quand on sait que les joueurs les plus réputés, qui trustent les ballons d’or depuis une décennie, appartiennent à ces clubs, et que leur clause libératoire avoisine le milliard d’euros, pour certains. À comparer avec le budget annuel du club d’Amiens, nouvellement promu en Ligue 1 et qui va affronter le PSG pour son premier match, du haut de ses 22 millions d’euros.