Migrants : Macron est arrivé !

Sans s’presser, le grand Macron, le beau Macron, avec son ch’val et son grand chapeau… ah ! zut, je confonds toujours avec Goldorak ou la mère Denis, comme Coluche. Quoi qu’il en soit, dès qu’il aura fini de guérir les écrouelles et de marcher sur l’eau, le président va régler définitivement le problème des migrants. Il nous l’a annoncé solennellement, il ne veut plus « d’ici la fin de l’année avoir des hommes et des femmes dans les rues, dans les bois ». Il veut partout des hébergements d’urgence. Sauf à Calais.

Ben, oui, d’accord, c’est à Calais qu’ils sont principalement, mais justement, c’est pour ça qu’on n’en veut pas. Surtout la maire, Mme Bouchard, qui a fait provisionner le budget de la commune pour couvrir l’amende de 100 euros par jour d’astreinte pour non-respect de la réglementation qui l’oblige à fournir de l’eau aux réfugiés, ignorant superbement et courageusement les injonctions du Conseil d’État, qui avait la prétention d’imposer des règles élémentaires d’humanité. Que le ministre de l’Intérieur se débrouille, dit-elle. Il n’a qu’à réquisitionner s’il veut installer des douches, elle s’en lave les mains, si j’ose dire. C’est d’ailleurs ce que va devoir faire Gérard Collomb, la mort dans l’âme, non pas de la précarité des réfugiés, mais de devoir leur venir en aide, contraint et forcé. Et pour cacher ces migrants que l’on ne saurait voir, il annonce la création de deux centres d’accueil à près de 100 km de là, permettant d’héberger 300 personnes. Sauf que ces centres existent déjà et n’ont une capacité que de 150 personnes au maximum, alors que les besoins se chiffrent par milliers.

On commence à comprendre ce que Macron a voulu dire en estimant que les notes de ses ministres n’étaient que « du pipi de chat ». À quoi cela sert-il que le chef fasse de grandes annonces en accueillant chaleureusement 37 Français fraichement naturalisés, si l’intendance ne suit pas ? 37 intégrations d’un coup, c’est beaucoup, ce n’est pas de trop. Je vous laisse calculer le nombre de siècles qu’il faudra pour rattraper l’Allemagne qui a accueilli les réfugiés par centaines de milliers. Cette déclaration d’Emmanuel Macron a résonné familièrement à mes oreilles. Une rapide recherche m’a renvoyé à cette promesse de Nicolas Sarkozy en 2006 selon laquelle plus personne ne serait obligé de dormir sur le trottoir s’il était élu. Deux quinquennats plus tard, le problème reste entier. Tant que Calais sera en face de l’Angleterre, les migrants tenteront de s’y rendre pour essayer de traverser. À moins que le thaumaturge à la tête de l’état réussisse à déplacer la ville à la campagne, à distance respectueuse de la côte.