Breizh Da Garan
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le dimanche 11 juin 2017 09:58
- Écrit par L'invitée du dimanche
Si j’avais pu, j’aurais voulu naître en Bretagne, à Brest, Quimper, Concarneau ou ailleurs… j’aurais toujours gardé sur moi l’odeur des ajoncs couvrant les landes, où j’aurais couru enfant. J’aurais appris à aimer le vent, celui de la Pointe du Raz, ou de la presqu’île de Crozon. J’aurais su pêcher les étrilles, les bigorneaux, les huîtres, les moules et les berniques, crabes et araignées auraient été mon ordinaire. J’aurais cuisiné, sans les rater, le Kig ha farz, le Kouign amann et le far aux pruneaux et peut-être aussi la bouillie d’avoine ! Je n’aurais pas trouvé étrange le goût du beurre salé. C’est peut-être moi qui l’aurais mélangé aux caramels ? Et je ne dis rien des crêpes et galettes que j’aurais consommées sans modération faisant fi de ma ligne.
J’aurais su jouer de la bombarde ou du biniou, j’aurais défilé avec mon bagad à la fête celtique de Lorient…
J’aurais été fière du Menez Hom, ou du mont Saint-Michel de Brasparts, point culminant à 380 m, qui fait dire aux Bretons : « chez nous les montagnes ne sont pas hautes, mais elles sont plus solides », illustrant leur fameux humour que vous pouvez apprécier dans les billets du webmaster.
Déambulant sur les quais du Guilvinec j’aurais compris les interpellations des marins, car on m’aurait appris la langue, j’aurais respiré les embruns et attendu le retour des pêcheurs.
Dans mon jardin, j’aurais cultivé les hortensias multicolores, les camélias, les rhododendrons, toutes ces fleurs de terre de bruyère exceptionnelles qui se sont exportées avec plus ou moins de bonheur, que voulez-vous, cette terre là où elles s’épanouissent est unique.
J’aurais un peu moins aimé l’épandage du lisier polluant les sources et les plages, ainsi que la vue des sous-marins nucléaires en rade de Brest, que voulez-vous je suis une pacifiste, mais peut-être que si on m’avait demandé ce que faisaient mes parents j’aurais répondu : « mon père travaille sur le port et ma mère fait des ménach », imaginez l’accent !
Je me serais appelée Le Coz, le Corre, l’Helgouach, le Quellec, Penanhouat, que sais-je encore ?
J’ai fait de mon mieux pour me faire adopter, j’ai réussi à m’appeler Guillou, vrai passeport pour se fondre dans le pays sans passer pour une usurpatrice, nom que j’ai perdu, mais que mes filles continuent d’honorer. Elles ont toutes les deux la chance de posséder dans leurs quartiers de noblesse, cinquante quartiers de Bretonne, ma petite fille en a hérité d’une partie qu’elle revendique très haut pour mon plus grand bonheur.
Je vis à la porte de cette si belle province (accompagnée par un autre Breton pur jus, à croire que leur charme est irrésistible). Il me faut autant de temps pour rallier la pointe du Finistère que pour rejoindre le pays de ma naissance où je garde encore des attaches indéfectibles, mais malgré mon amour pour les ânes du Poitou, ou ma sympathie pour les chèvres, je me sens bretonne, et je finirai même un jour par aimer le crachin, en attendant, kenavo ar wech’al…
L’invitée du dimanche
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