Marie-Antoinette Macron
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 28 janvier 2017 10:27
- Écrit par Claude Séné
On ne prête qu’aux riches. Ainsi de cette citation attribuée à Marie-Antoinette pendant la grande disette de 1789, qui aurait dit : « s’ils n’ont pas de pain, qu’ils mangent de la brioche ». La phrase est fausse, mais elle illustre parfaitement le décalage supposé entre la reine et le peuple de France. C’est bien le procès qui est fait aux politiques actuellement et que l’affaire Fillon ne va pas arranger, que de vivre dans une bulle très éloignée des préoccupations des Français. Emmanuel Macron, qui se prétend antisystème, ne semble pas échapper à cette règle.
Alors que son programme économique et social est encore très flou, il vient de sortir de son chapeau une proposition destinée clairement à flatter les « djeunes » dans le sens du poil. Il s’agit de leur accorder un passe culturel d’une valeur de 500 euros au moment de leur majorité. Pour beaucoup d’entre eux, il s’agit d’une somme considérable, qu’ils pourraient utiliser pour des besoins autrement plus importants, tels que participer à s’acheter un scooter pour gagner leur indépendance. Pour d’autres, cet argent s’ajoutera à un budget déjà très conséquent de consommation de biens culturels. Je ne vois pas en quoi cette mesure serait de nature à réduire les inégalités sociales, mais tel n’est visiblement pas l’objectif d’Emmanuel Macron. Libéral dans l’âme, il accorde ce viatique de 500 euros à l’âge de 18 ans pour solde de tout compte, à charge pour chacun de se débrouiller pour financer ses activités culturelles le restant de son existence.
Ce faisant, Macron est fidèle à son « ni gauche, ni gauche ». Mais cela commence à se voir. Il reçoit des soutiens prématurés de la part de personnalités étiquetées « girouettes ». Par exemple Alain Minc, converti de fraîche date au macronisme, ou Bernard Kouchner, qui a déclaré avoir mal à sa gauche, une gauche qui ressemble furieusement à la droite, et dont il n’avait pas hésité à s’éloigner en écoutant les sirènes sarkozystes. Ou encore Corinne Lepage, dont les convictions écologistes ne sont pas douteuses, à l’inverse de son nouveau poulain, très vague sur ce sujet comme sur tant d’autres. Tous ces ralliements en provenance de la droite et du centre contribuent à donner une image plus que modérée du candidat d’En Marche, et ce ne sont pas d’éventuels transfuges du camp vallsiste, si Benoît Hamon venait à gagner la primaire, qui viendraient gauchir sa position. On sait très bien, et depuis longtemps, que tous ceux qui ne se revendiquent ni de droite, et encore moins de gauche, sont très loin de représenter le progrès. Qu’on nous donne déjà le pain. Pour la brioche, on verra plus tard.