D’un mur l’autre
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 11 novembre 2014 11:10
- Écrit par Claude Séné
L’Allemagne célèbre le 25e anniversaire de la chute du mur de Berlin, l’occasion de se replonger dans l’histoire, de se souvenir du temps de la guerre froide et du glacis qui séparait deux mondes, symbolisé par cette muraille de béton, presque infranchissable, sinon au péril de sa vie. Difficile d’oublier les miradors et les barbelés, les vopos armés de mitraillettes, prêts à tirer sur les audacieux qui tentaient leur chance, souvent en vain, quand on a eu l’occasion de les voir.
Le mur de la honte, comme il a été immédiatement appelé, a aussi été le support d’un mouvement artistique en plein développement qui allait donner naissance à ce que l’on appelle aujourd’hui le street art. Il trouve son équivalent dans les peintures murales réalisées à Los Angeles et filmées par Agnès Varda dans son film « Mur murs » en 1981. Ces peintures sont l’expression des luttes des minorités en Californie, comme celles que l’on peut voir à Orgosolo, dans cette bourgade sarde, à travers lesquelles sont retracés tous les conflits sociaux de ces dernières années.
C’est le paradoxe de ces murs, érigés pour séparer les gens et qui finissent parfois par les rassembler. En 1989, quand le mur est tombé, un grand élan utopique a fait croire que ce serait le dernier. Un peu comme après la Grande Guerre, où l’on a voulu penser que c’était la der des ders. Plus jamais ça, s’est-on écrié. Cela n’a pas empêché deux projets fous de voir le jour. La grande muraille prévue entre le Mexique et les États-Unis voulue par Bush et destinée à limiter l’immigration clandestine, d’une part, et le mur de séparation entre Israël et les territoires palestiniens pour éviter les attentats, d’autre part.
Le premier a donné lieu récemment à une image hautement symbolique où des candidats à l’immigration mexicains, juchés en haut des grillages et des barbelés pouvaient observer de riches Texans qui jouaient au golf en plein désert. Quant au second, j’espère que la visite à Ramallah de Federica Mogherini, toute nouvellement nommée à la tête de la diplomatie européenne, et qui a pris des positions courageuses, contribuera à démontrer l’inutilité et la nuisance de cette séparation. Pour qu’un jour, comme l’a déclaré le maire de Berlin, les murs qui existent dans les têtes tombent eux aussi.