L’ingénu
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 6 novembre 2014 10:51
- Écrit par Claude Séné
Celui de Voltaire disait « toujours naïvement tout ce qu’il pense ». Mais il avait une excuse, il était Huron, c’est-à-dire un Indien du Canada, et n’avait donc pas été élevé dans les bonnes manières, celles qui permettent la vie en société grâce à une certaine dose d’hypocrisie. Ce n’est pas le cas de Willy Sagnol, l’entraineur du club de football des Girondins de Bordeaux, dont les propos sur le « joueur typiquement africain » ont fait scandale dans le petit monde du ballon rond.
Pour être honnête, l’éducation dispensée dans les centres de formation ne s’intéresse guère qu’à la pratique de ce sport et aux éventuelles reconversions généralement commerciales en cas d’échec ou après une carrière plus ou moins réussie. Il n’est qu’à entendre les interviews de certains joueurs pour se convaincre qu’on peut avoir des jambes et peu de tête, pratiquer le foot à un bon niveau sans manier la conversation et ses charmes de façon intelligible. Je n’aurai pas la cruauté de rappeler les propos de Franck Ribéry quand il espérait que « la rouetourne » tournera. Ah ! Tiens, si, je viens de le faire. Oups !
C’est probablement ce qui est arrivé à Willy Sagnol, brave type au fond, apprécié de ses joueurs, y compris africains, qui s’est laissé piéger en répondant à une question, en laissant entendre que les joueurs africains étaient moins intelligents, moins techniques, moins disciplinés. Je pense que vous le surprendriez beaucoup en lui disant qu’il est raciste, lui qui ne fait qu’énoncer ce qu’il pense être une vérité. Il ne se rend pas compte que le vice est dans le fait de faire une catégorie de ce joueur typiquement africain. Ensuite, il pourrait lui tresser des couronnes de laurier, le mal est fait. C’est en vantant les qualités de vitesse et d’endurance des noirs que Jean-Marie Le Pen justifiait ses thèses racistes. Il ne faut pas oublier non plus qu’un ancien président français s’est déshonoré en prononçant un discours à Dakar en 2007 dans lequel il affirmait que « l’homme africain n’est pas assez rentré dans l’histoire ».
On voit par là que le racisme, comme le diable, se niche dans les détails et qu’il faut un changement de mentalité pour l’extirper. Cela passera peut-être par des campagnes comme celle du « non au racisme » décliné dans toutes les langues par des joueurs prestigieux, mais tous devront se mobiliser.