Tous ensemble

Quand un attentat aussi horrible que celui qui a frappé la ville de Nice se produit, le jour même de la fête nationale française, la communauté internationale marque sa solidarité et sa compassion pour les victimes et leurs proches, de la même façon que nous, français, nous sommes sentis touchés par ce qui s’est produit dans d’autres parties du monde. Les réactions des dirigeants des pays amis ou proches, et même de plus éloignés à tous points de vue, ont été unanimes. Ils nous ont tous témoigné leur émotion et leur soutien dans cette nouvelle épreuve.

Il n’y a qu’en France que certains hommes politiques ont semblé faire passer leurs intérêts partisans avant l’expression d’une émotion sincère, qu’ils n’ont pas manqué d’éprouver, du moins, je présume. Que faut-il penser de la déclaration de Christian Estrosi, maire de Nice, qui semble rejeter la faute éventuelle sur l’état en affirmant qu’il demande des renforts de la police nationale depuis longtemps, en pure perte ? Aurait-il peur qu’on lui impute la responsabilité de cette effroyable tuerie pour avoir sous-estimé les effectifs de maintien de l’ordre, lui qui a installé des caméras de surveillance bien peu efficaces dans toute la ville ? Et Éric Ciotti, député de la circonscription, qui réclame à cors et à cris que l’on enferme toutes les personnes faisant l’objet de fiches de surveillance ? Et tous ces autres fossoyeurs de la démocratie qui font de la surenchère sur l’arsenal de répression et demandent la pérennisation quasi définitive des mesures d’exception permises par l’état d’urgence ?

Si, au moins, ce genre de dispositif avait une quelconque efficacité, on serait en droit d’en peser les avantages et les inconvénients, mais il n’en est rien. Le terroriste franco-tunisien, auteur de l’attentat, n’était pas fiché ni considéré officiellement comme radicalisé. Il n’a eu besoin d’aucune filière pour introduire des armes de guerre ou des explosifs et n’a pas forcément bénéficié de complicités ou de logistique sophistiquée. Si les opposants faisaient passer l’intérêt général avant leurs intérêts particuliers, ils éviteraient de se servir de ce prétexte pour attaquer un gouvernement suffisamment critiquable à d’autres égards. On ne peut pas dire que le bilan du précédent quinquennat, lorsque Sarkozy était aux manettes, soit particulièrement brillant sur ce chapitre, malgré les effets d’annonce. En nous en prenant à l’immigration et en désignant les étrangers comme boucs émissaires, nous n’avons pas éliminé la menace terroriste. Pire, le démantèlement des renseignements généraux voulu par Sarkozy pour des motifs budgétaires a affaibli durablement l’appareil de l’état. Même si c’est une vérité amère, il faut admettre que cet attentat ne sera vraisemblablement pas le dernier à se produire en France. C’est le moment de se serrer les coudes.