Êtes-vous coulrophobe ?

Dans la longue série des phobies, réelles ou imaginaires, il faut ajouter cette nouvelle peur, celle qui serait suscitée par les clowns. Sans faire le pédant, il faut souligner qu’une phobie est occasionnée par la présence d’un objet (au sens large) qui provoque une peur non fondée. Or, dans le cas qui nous occupe, la peur des clowns est tout sauf infondée, puisqu’il s’agit apparemment de jeunes désœuvrés qui terrifient les enfants ou les adultes en les menaçant de battes de base-ball, voire de couteaux ou de tronçonneuses.

 

Il est toujours plus vendeur de pouvoir mettre un nom savant sur un phénomène trivial, et j’avoue que j’ai moi-même cédé à cette facilité avec ce titre qui se voulait intrigant. On peut supposer que les motivations des pseudo clowns sont au départ de l’ordre du canular et de la plaisanterie d’un goût douteux, mais la psychose est en train de gagner, grâce à l’amplificateur que constitue Internet et les réseaux sociaux. C’est au point que la police nationale elle-même a cru bon dans certains départements d’appeler les citoyens « à composer le 17 ou le 112 pour signaler la présence d’un individu agressif déguisé en clown ». De même, la police du département du Nord a fait savoir sur Twitter que « les clowns qui s’inspirent de massacre à la tronçonneuse ne sont pas les bienvenus devant les écoles. » Tu m’étonnes !

Devant cette montée de la recrudescence, comme le disait Luis Régo, la tendance est malheureusement à l’instauration de l’autodéfense. Des groupes anti-clowns se sont formés spontanément et menacent de devenir aussi inquiétants que ceux qu’ils pourchassent. Tout ça fleure bon les dérives connues outre-Atlantique, me direz-vous, et vous aurez raison. Et ce n’est pas la proximité d’Halloween qui va arranger la situation. Quant à moi, je l’avoue, je suis un peu coulrophobe, car il y a certains types de clowns qui me font peur. C’est le cas par exemple de Dieudonné, qui n’a pas besoin de s’affubler d’un nez rouge pour me faire froid dans le dos. J’aurais apprécié qu’un Yannick Noah se désolidarise clairement de ses positions racistes, malgré l’ancienneté de leurs relations. Contrairement à lui, je ne peux pas trouver drôle un clown aussi tristement antisémite.