Le prénom

C’est une pièce de théâtre, puis un film, qui se moquent gentiment des modes entourant le choix d’un prénom pour un enfant à venir, avant de se transformer en petit jeu de massacre entre amis, révélant la superficialité dans beaucoup de relations humaines. J’apporte ma petite pierre, mon modeste parpaing, à l’édifice, car j’ai remarqué que je reçois beaucoup de messages non demandés de la part de parfaits inconnus qui se présentent sous leurs seuls prénoms, comme si nous avions partagé le même bac à sable dans notre prime enfance.

Ayant le douteux privilège de porter moi-même un prénom pouvant appartenir aux deux sexes, je suis sollicité tant par la gent masculine, que féminine. Au hit-parade des mails indésirables, et sans forfanterie aucune, je reçois naturellement beaucoup de propositions de rencontres dans des messages richement illustrés qui me font craindre le rhume pour les demoiselles qui les envoient et qui ont pour noms : Agnès, Anaïs, Cécilia, Célia, Jenny, Laure, Marie, Mélissa, Sandra, Sarah, Sophie et même Sirine (?) ou Yuliia. Pour ne pas faire de jaloux, William propose de multiplier les orgasmes, tandis que Déborah et Rémy me vantent les mérites du bricolage. Dimitri, Annabelle ou Maryse veulent me tirer les cartes, Corentin, Charline ou Philippe s’occupent de placer l’argent que je n’ai pas, Tony et Célia me vendent une voiture et Morgan rénove ma douche. Pour m’habiller, j’ai le choix : Gaëtan pour Armor-Lux, ou Jules, ou encore Antonelle et ses ventes privées. Sans oublier le traitement de l’obésité par Maeva, les livres photo de Margot, la literie de Sandra et les lunettes de Yoann. Noémie me propose son aide pour le ménage, Laetitia soigne mon absence d’animaux (tout le monde peut se tromper), Lisa me propose GDF Suez ou SFR, au choix, et Sophie me conseille le sport.

Le tout en une petite semaine. Je me dis que j’ai beaucoup de chance de compter autant d’amis intimes qui s’ingénient à me distraire sans que je leur aie rien demandé. Cette proximité factice me rappelle d’autres situations de la vie sociale, où l’usage du prénom est généralement le marqueur d’une relation déséquilibrée, quand l’un est au service de l’autre. Sans aller jusqu’à l’exemple de Mohammed Ali, qui avait choisi son nom pour rejeter celui de Cassius Clay, attribué par le colon blanc, symbole de l’oppression esclavagiste, l’usage d’appeler les employés, et surtout les femmes, par leur prénom, associé au voussoiement, m’a toujours un peu dérangé. Bon, c’est pas tout ça, il faut que je vous quitte pour répondre à tous ces braves gens, qui doivent se morfondre.

Commentaires  

#1 jacotte 86 16-06-2016 10:39
je suis jalouse, je ne reçois aucune proposition d'aide de ce genre mais beaucoup de propositions de placement de mon argent que j'ai pas... alors passe moi ta rhubarbe je te passerai mon séné à moins que ce ne soit le contraire? je vais demander à Sarko la vraie formule!
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