Les règles de l’art
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 8 juin 2016 10:57
- Écrit par Claude Séné
Depuis l’Antiquité, les hommes ont tenté de définir les différentes catégories d’art selon des critères plus ou moins fluctuants. L’époque moderne a vu l’éclosion d’activités artistiques nouvelles, si bien que le cinéma s’est vu attribuer le titre de 7e art, puis la télévision celui de 8e art et la bande dessinée celui de 9e art. C’était parfait, puisque cela correspondait au nombre de muses des Grecs. Mais voilà, les temps changent, et les mœurs également. Il va peut-être falloir revoir la classification et ajouter une nouvelle catégorie, puisque la grenade qui a gravement blessé un quidam lors d’une manifestation contre la loi travail aurait été utilisée selon « les règles de l’art ».
De quel art s’agit-il donc ? Celui du maintien de l’ordre considéré comme un des beaux-arts ? Si tel est le cas, il est urgent de revoir ses règles, qui aboutissent à de tels excès. Le jeune homme touché à la tête et victime d’un traumatisme crânien qui l’a plongé dans le coma pendant une dizaine de jours, n’était pas un casseur et ne présentait aucun danger pour les policiers, ni personne d’autre, d’ailleurs. Comme beaucoup de gens, il était venu en curieux, avec l’intention de filmer ce qui se passait avec sa Go pro, une caméra légère qui se fixe sur le corps pour garder toute son autonomie de déplacement, utilisée dans les activités sportives notamment. Le policier a respecté une des règles d’utilisation de la grenade dite de désencerclement en la faisant rouler à terre. En explosant, cette arme projette des galets en caoutchouc supposés rester au niveau des jambes. L’expérience prouve qu’il n’en est rien. Utilisée contre des manifestants violents, elle ne serait guère efficace, puisqu’aveugle par définition, et incapable de viser quelqu’un en particulier. Son pouvoir de nuisance en revanche a été parfaitement démontré.
Après la mort de Rémi Fraysse sur le site du barrage de Sivens, le ministre de l’Intérieur a été amené à interdire l’usage de grenades dites offensives. Il va devoir se prononcer sur ces armes visiblement dangereuses, bien que considérées comme non létales. Il en va de même pour tous types de grenades, à l’origine d’accidents quand les manifestants tentent de les retourner à l’envoyeur. Et que dire des tasers, souvent sur employés par les policiers, ou les lanceurs de balles de défense, les mal nommés, qui sont devenus des armes offensives. Si l’on y réfléchit bien, toutes ces bavures nous donnent la réponse concernant la nature de cet art. Il s’agit bel et bien de l’art de la guerre, celle qu’un pouvoir est toujours tenté de mener contre sa contestation.