Macronmégas

J’emprunte le titre de cette chronique à mon bon maître, François-Marie Arouet, plus connu sous le nom de Voltaire, car il me semble que le ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, présente un certain nombre de similitudes avec le héros de son conte philosophique, Micromégas. Rappelons que Micromégas est supposé venir de Sirius et tout ignorer de la Terre et de l’espèce humaine qui la peuple. Comme lui, Macron a l’air de tomber du ciel et ne pas avoir la moindre idée de ce qui fait le quotidien des Français qui ne sortent pas d’une grande école.

Emmanuel Macron fait partie de cette caste politique qui a poussé hors sol, suivant le parcours obligé des futures élites. Issu d’un milieu aisé, il a fait ses humanités chez les ennemis jurés de Voltaire, dans une école privée fondée par les Jésuites, avant d’intégrer l’ENA et faire la carrière que l’on sait. Il passera directement du rang de conseiller économique de François Hollande à celui de favori des sondages pour une éventuelle candidature à la magistrature suprême. Voltaire a fabriqué le nom de son personnage selon deux préfixes contradictoires : micro, qui représente l’infiniment petit, et méga, l’infiniment grand. Emmanuel Macron nourrit visiblement des ambitions infiniment élevées, tandis que son implication dans le monde réel est, elle, infiniment limitée.

Si sa notoriété est grande, le cercle de ses supporters actifs est très petit. C’est pour cette raison qu’il a fondé son propre parti, et qu’il espère que ses adhérents feront boule de neige pour élargir son audience et lui fournir un socle militant en vue des échéances électorales. Car le ministre ne s’est jamais frotté au suffrage universel, pas même dans une circonscription de tout repos. Le géant des sondages est un nain militant qui ne peut compter que sur un cercle restreint d’amis tout aussi peu expérimentés que lui dans le travail obscur et ingrat qui mène à des succès électoraux. Vue de Sirius, la querelle idéologique entre la gauche et la droite peut paraitre dépassée. Au ras des pâquerettes, quand il faut se retrousser les manches pour alimenter le débat concret sur le quotidien des Français, la distinction est encore opérationnelle, à condition de ne pas brouiller volontairement les cartes, et défendre les valeurs qui ont fondé l’idéal de progrès et de justice au travers des luttes que le ministre ne connait que par les livres.

Évidemment, c’est moins glamour que de se faire photographier dans les colonnes de Paris Match, comme son épouse, sur laquelle il a élégamment fait porter le poids de la bévue.

Commentaires  

#2 86jacotte 21-04-2016 11:54
La comparaison est jolie...car rien de plus artificiel que la culture hors sol. on met tous les ingrédients dans l'eau...on la couleur mais pas le goût. .. en fait il manque l'essentielle confrontation avec la nature qui donne parfois le pire mais aussil le meilleur ....
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#1 poucette 21-04-2016 11:10
tu n'es pas gentil avec ce beau gosse !!!
il me fait penser à une belle plante hors sol qui est difficile à transplanter en terrain ordinaire .la rivalité avec Valls pourrait être comique
si ce n'était pas si triste de voir la politique rabaissée à ce niveau....
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