Souriez
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 26 mars 2016 10:25
- Écrit par Claude Séné
Vous êtes filmé. Le policier appelé jeudi à maintenir l’ordre dans le cadre des manifestations lycéennes contre la loi travail n’imaginait probablement pas passer à la postérité dans l’exercice de ses fonctions, si tant est que frapper violemment un adolescent de 15 ans inoffensif fasse partie de sa mission. Si chacun a droit dans sa vie à un quart d’heure de célébrité selon la formule d’Andy Warhol, ce policier n’avait sans doute pas rêvé que ce soit de cette manière. L’altercation pendant laquelle il assène un énorme coup de poing à un jeune manifestant, à peine relevé de terre par ses collègues a été filmée au moyen d’un téléphone portable et immédiatement diffusée sur les réseaux sociaux.
Les images sont tellement accablantes que même les syndicats de police ont été forcés d’admettre qu’il y avait eu une faute évidente. Le ministre de l’Intérieur a demandé une enquête de l’IGPN, les fameux « bœufs-carotte », et condamné cette intervention malvenue. Il faut dire que l’épreuve est à haut risque pour le gouvernement. L’opinion ne supportera pas de violences gratuites contre des adolescents dont certains sont à peine sortis de l’enfance. Une bavure policière est le moyen le plus sûr de transformer une manifestation pacifique avec comme seule arme des œufs et de la farine, en un début de révolte voire d’émeute, par l’exacerbation des tensions et la radicalisation des paroles ou des actes.
Cela n’a pas raté, d’ailleurs. La manifestation des lycéens contre la violence policière a pris un tout autre caractère dès le lendemain avec l’intrusion de casseurs qui ont dirigé le mouvement contre des commissariats dans un premier temps, puis des supermarchés, qui ont été pillés. On connait la chanson, et le cycle infernal provocation répression. C’est d’autant plus inquiétant que nous n’en sommes qu’au début de la mobilisation, des « tours de chauffe » selon les organisations syndicales, et que le vote de la loi n’interviendra pas avant juillet, au mieux. Autant d’occasions de dérapages, surtout si la police est incapable de garder ses nerfs dans une situation anodine. Que se passera-t-il en cas de réelle difficulté ? Inutile d’espérer passer inaperçu en cas de bavure policière. Tout un chacun, et en particulier les jeunes, possède désormais un téléphone « intelligent » et n’hésite pas à le sortir pour filmer tout et n’importe quoi, depuis son petit chat jusqu’à une catastrophe naturelle pour en faire profiter la terre entière. Big Brother n’est pas celui que l’on croyait dans « 1984 », mais il nous regarde.