Monsieur le président
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le dimanche 31 janvier 2016 10:37
- Écrit par L'invitée du dimanche
Je vous fais une lettre que vous lirez peut-être si vous avez le temps… du temps j’espère que vous en aurez aussi pour réfléchir à votre réponse à la demande de grâce qui vous a été faite par ses avocates, ses filles, et une pétition aux signataires de tous horizons pour la condamnation de Jacqueline Sauvage à la suite du meurtre de son mari.
Je ne vous ferai pas l’injure de penser que vous n’étiez pas informé de la confirmation de son jugement par la cour d’appel à 10 ans d’emprisonnement ! À moins que vivant au-dessus de nous tous, les événements du petit peuple ne vous concernent pas, mais je préfère en douter.
Ce qui me pousse à faire ce courrier, c’est encore la colère, plus l’incrédulité. Les médias rapportent que dans un premier temps vous avez annoncé que vous rendriez votre décision à la mi-février, puis samedi, ils annoncent que vous vous déciderez dans un délai assez court. C’est quoi un délai assez court ? Pour vous pas grand-chose sans doute, mais avez-vous pensé à Madame Sauvage, et à la façon dont elle attend encore un verdict presque vital pour elle ? Pouvez-vous imaginer, autant victime que bourreau comment elle a vécu non seulement l’incarcération, mais aussi le stress des démarches juridiques, les angoisses des attendus de justice, l’incompréhension d’un jury populaire manipulé par un juge insensible, arque boutée sur une définition de légitime défense non applicable pour elle ? Sans oublier le traumatisme moral et psychologique à la suite de son acte, car ôter la vie à quelqu’un, aussi abject soit-il, laisse obligatoirement des cicatrices quand on n’est pas soi-même un monstre.
Mais j’en reviens à vous, Monsieur le Président, vous vous revendiquiez un homme ordinaire, capable d’humanité, de sensibilité, avec pour preuve une vie sentimentale personnelle qui aurait pu être celle de Monsieur tout le monde. Auriez-vous oublié cet homme-là, à pratiquer le pouvoir au plus haut niveau ? Je le crains, car s’il en était autrement, vous auriez déjà su ce que serait votre décision avant même d’accorder un rendez-vous aux représentantes de Jacqueline Sauvage.
Vous alléguez, parait-il, que ce droit de grâce individuelle, survivance des droits monarchiques, vous est difficile à appliquer, je le conçois, c’est un pouvoir suprême qu’aucun humain ne devrait avoir sur un autre, mais on ne vous a pas pris en traître, il existe dans la constitution, vous l’avez déjà appliqué, vos prédécesseurs aussi. Je vous propose un nouveau chalenge promettant de joyeux débats, faites supprimer ce droit dans la constitution (Nicolas Sarkozy en 2008 l’a déjà modifié en excluant les grâces collectives) que vous êtes en train de modifier, vous protégerez ainsi vos successeurs de terrible cas de conscience ! Et pendant que vous y serez, demandez donc à votre nouveau Garde des Sceaux, d’introduire dans le Code pénal la notion de « légitime défense différée » qui protégerait aussi nombre de femmes, d’enfants ou tout individu maltraité, d’actes de règlement de compte justifiés.
L’invitée du dimanche
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