2015

Tradition oblige, le 31 décembre, outre la fête de tous les Sylvestre, qui doivent de nos jours se compter sur les doigts de la main tant les Français se sentent tenus de chercher des prénoms tous plus originaux ou exotiques les uns que les autres, est l’occasion de revenir sur les évènements de l’année écoulée. Vos journaux et chaines de télévision préférés ne dérogeront pas à cette règle et vous n’avez pas fini de « déguster » rétrospectives, best of, compilations et autres bêtisiers, venus meubler colonnes et antennes désertées par l’actualité pendant la traditionnelle trêve des confiseurs.

En 1966, Michel Delpech avait immortalisé l’exercice avec une chanson sobrement intitulée inventaire 66, dans laquelle il rappelait les évènements de l’année, en soulignant qu’il y avait en France toujours le même président, dont il semblait, comme moi, avoir soupé, un certain général, parvenu au pouvoir depuis un coup d’État légal en mai 1958. La chanson était dédiée à son petit raton-laveur, en hommage à Prévert, auteur du poème éponyme.

Je n’aurai pas l’ambition d’égaler ni même d’approcher le maitre du vers libre, d’autant que parmi les nombreux évènements qui ont fait l’écume des jours, il me semble que c’est le phénomène du terrorisme qui a marqué l’année 2015. Dès le 7 janvier, les tueries de Charlie hebdo et de l’hyper casher ont retenti comme un coup de tonnerre dans un ciel calme. Nous n’étions plus protégés, les attentats ne visaient plus des contrées éloignées, ils étaient à nos portes et touchaient des proches. Bien sûr, il y avait eu le précédent Mohammed Mérah, mais il était considéré comme un « loup solitaire » et la menace ne semblait pas aussi imminente.

L’année s’est close avec les attentats de Paris, qui ont touché toute la population, et démontré que nul ne pouvait se sentir à l’abri, sans distinction de religion, de couleur de peau, d’opinion ou de mode de vie. L’objectif de terroriser le pays entier, de contraindre les Français à rester chez eux n’a évidemment pas été atteint, mais l’état d’esprit, l’insouciance dont nous pouvions faire preuve, a été sérieusement mis à mal. Chacun sait à présent que si le pire n’est jamais sûr, il ne peut être exclu. La menace reste présente et le risque ne peut pas être complètement éliminé malgré les précautions nécessaires qui sont prises. Il faudra vivre avec, mais je sais que nous nous en remettrons.