L’état providence
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 29 décembre 2015 10:49
- Écrit par Claude Séné
L’ex-otage d’Arlit, libéré il y a 2 ans après un millier de jours de détention aux mains d’Al-Qaïda au Maghreb islamique, Thierry Dol, a annoncé son intention de déposer plainte contre son employeur, Areva, et l’état français, pour « mise en danger de la vie d’autrui » et « non-assistance à personne en danger ». Il explique que l’entreprise avait recommandé la plus grande prudence quelques mois avant son enlèvement en compagnie de 3 autres employés, preuve selon lui qu’Areva était informée des risques encourus par ses salariés. Quant à l’état français, l’otage affirme ne rien savoir des conditions de sa libération, ni s’il y a eu versement d’une rançon, formellement démentie par les autorités.
Thierry Dol estime avoir le droit de savoir, ce qui n’est guère contestable, mais la procédure de plainte pourrait aussi indiquer son souhait de voir revaloriser substantiellement l’indemnisation qui lui est proposée et qu’il juge nettement insuffisante, qualifiant même d’insultante la somme de 350 000 euros du Fonds de garantie des victimes d’actes de terrorisme et d’autres infractions. Il est possible, en l’espèce, qu’Areva ait pris des risques excessifs en n’évacuant pas son personnel de l’exploitation minière au Niger, mais d’une façon générale, on a pu voir que le terrorisme frappait n’importe où, et il parait difficile d’en imputer la responsabilité aux états dans lesquels se produisent les attentats.
Depuis quelque temps, il y a une tendance, qui nous vient apparemment des États-Unis, à se retourner contre quelqu’un, solvable de préférence, lorsqu’il se passe quelque chose de fâcheux. Faute de coupable idéal, on peut toujours accuser la collectivité, qui n’aurait pas fait le nécessaire, y compris lorsqu’il s’agit de décisions apparemment très personnelles. Je m’explique. On a vu assez récemment la veuve d’un homme décédé d’un cancer du poumon vouloir obtenir réparation de l’état qui ne l’avait pas empêché de s’abandonner à son addiction. Cela rappelle les actions de groupe intentées avec succès aux USA contre les industriels du tabac, convaincus de tout faire pour inciter les citoyens américains à fumer. À ce compte-là, tous les ménages surendettés pourraient se retourner contre les industries du luxe ou de l’automobile qui les tentent avec des produits attrayants alors qu’ils n’ont pas les moyens de les acheter. Et que dire de tous les délinquants, poussés au crime par l’appât du gain qui leur permettrait de vivre grand train comme ceux qui sont nés avec une cuiller d’argent dans la bouche ?