Comme le scorpion
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 19 décembre 2015 10:35
- Écrit par Claude Séné
Vous connaissez probablement cette fable, que La Fontaine aurait pu baptiser la grenouille et le scorpion. Il s’agit d’un scorpion qui demande à une grenouille de lui faire traverser une rivière, car il ne sait pas nager. La grenouille a peur d’être piquée, mais le scorpion la rassure en lui faisant observer que dans ce cas, ils mourraient tous les deux. Et les voilà partis, le scorpion sur le dos de la grenouille. Au milieu de la rivière, le scorpion pique la grenouille qui s’écrie : « pourquoi as-tu fait ça ? » et le scorpion de répliquer : « c’est dans ma nature ».
Cette histoire m’est revenue en mémoire quand Marine Le Pen a causé le scandale en publiant sur Twitter des photos des atrocités de Daech, sans le moindre respect pour les familles des malheureuses victimes, et notamment celle du journaliste américain James Foley. Le Front national essaie désespérément de masquer son caractère profond au travers de son entreprise de dédiabolisation. Il s’est débarrassé de l’encombrant patriarche qui nuisait à l’image du parti par ses provocations et ses déclarations intempestives. À peine les élections passées, la véritable nature de cette formation réapparait, à la façon du retour du refoulé. Que veut démontrer Marine Le Pen ? Que son parti ne mange pas les enfants ? Qu’il n’a rien à voir avec les agissements des extrémistes islamistes ? Que l’ennemi, c’est le musulman ? Dans ce cas, c’est raté. Les photos seront associées à ceux qui les ont publiées, bien qu’ils ne soient pas les auteurs des crimes barbares qu’elles représentent. Nous étions habitués aux dérapages plus ou moins contrôlés de Jean-Marie, voilà peut-être la première faute politique d’envergure de la nouvelle présidente du parti d’extrême droite.
Cela suffira-t-il à ouvrir les yeux des électeurs abusés par des promesses démagogiques et un flou artistique sur une absence de programme qui se résume à une sortie de l’euro et de l’espace Schengen ? Il est permis d’en douter. Et pourtant, la totalité de cet électorat n’est pas irrécupérable. Il est fait de gens comme vous et moi. J’ai envie de leur rappeler ce texte de Nazim Hikmet :
« Comme le scorpion, mon frère, tu es comme le scorpion… et s’il y a tant de misère, c’est grâce à toi, mon frère… irais-je jusqu’à dire que c’est de ta faute ? Non, mais tu y es pour beaucoup, mon frère »