La guerre de Sécession

On a un peu oublié les duettistes Roger Pierre et Jean-Marc Thibaud, qui ont fait les beaux jours du cabaret des années 50 et 60. Un de leurs sketches les plus célèbres parlait de la guerre de Sécession, qui avait cessé c’est sûr. Le sudiste contraint de changer de camp sous la menace s’écriait : « on l’a échappé belle ! Si ces salopards de sudistes avaient été plus nombreux, nous autres, les nordistes, on aurait bel et bien pris la pâtée, vous savez ». C’est un peu le goût amer que me laisse le résultat de ce deuxième tour des élections régionales.

Du côté du verre à moitié plein, il y a cette mobilisation pour faire échec au Front national là où il était le plus dangereux et le constat que la montagne du premier tour a accouché d’une souris avec zéro région gagnée par le FN. Une consolation aussi que cet échec relatif de la droite qui n’aura pas eu un mot pour saluer le sacrifice des électeurs de gauche qui l’ont aidée, à leur corps électoral défendant, à battre l’extrême droite dans au moins trois régions. Un score honorable de la gauche dans l’ensemble, qui évite la débâcle annoncée et entretient l’espoir d’éviter le retour des plus réactionnaires. Le verre à moitié vide, chacun le voit avec cette montée constante du populisme et la tentation de suivre une pente sécuritaire et autoritaire, qui ne mène à rien. La menace est plus que jamais présente de voir Marine Le Pen qualifiée pour le deuxième tour des présidentielles, ne laissant qu’une place pour un candidat d’un parti « normal ».

L’autre grand évènement du week-end a été quelque peu éclipsé par l’actualité électorale. Et pourtant, il pourrait être décisif dans l’avenir proche de tous les états et donc également de la France. Les rumeurs prédisaient un échec retentissant, et la souris a accouché de la montagne avec cet accord qualifié d’historique. La guerre de Sécession entre les pays du Nord et les pays du Sud n’a pas eu lieu, mais il reste à traduire dans les actes toutes les déclarations d’intention et les engagements pris par les participants. Certains activistes ont décidé par avance que ces efforts étaient nuls et non avenus, comme s’ils regrettaient cet accord qui les prive d’un argument pour fustiger les gouvernements. Pour ma part, pour la COP comme pour les élections, je considère que la politique du pire est toujours la pire des politiques.