Ruinés !
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 5 décembre 2015 10:30
- Écrit par Claude Séné
Par un de ces hasards dont l’actualité a le secret et dont j’aime à faire mes choux gras, nous avons appris cette semaine la ruine de deux personnalités que tout semble opposer. Le premier, c’est l’inénarrable Nanard, qui réclamait à la justice un milliard supplémentaire de préjudice dans l’affaire de la vente d’Adidas par le Crédit lyonnais et qui se retrouve au contraire condamné à rembourser les 400 millions perçus à tort en 2008 grâce à la bienveillance d’un tribunal arbitral et de la ministre de l’époque, aujourd’hui patronne du FMI.
« Je suis ruiné de chez ruiné ! » s’exclame Bernard Tapie qui espère s’attirer la sympathie, voire la compassion de ses contemporains et pourquoi pas une remise gracieuse de sa dette ? Une pitié qui ne l’a jamais étouffé quand il fallait sacrifier les salariés des entreprises sur l’autel de la rentabilité financière grâce à laquelle il a bâti cette fortune censément évaporée aujourd’hui. Il m’étonnerait fort qu’il ne se soit pas ménagé un petit viatique en mettant quelques liquidités « à gauche », si l’on peut dire en voyant son parcours politique au service exclusif de ses intérêts.
Tout le contraire apparemment de Mark Zuckerberg, inventeur et patron de Facebook, qui a décidé de faire don de 45 milliards de dollars, soit 99 % de sa fortune personnelle, à sa fondation philanthropique, sans que rien l’y oblige. Avec mon esprit mal tourné, je me suis interrogé sur l’avantage éventuel que pourrait trouver ce jeune papa de 31 ans à se débarrasser du fardeau financier qu’il a eu tant de mal à accumuler. Le jeune homme d’affaires justifie son choix en affirmant qu’il est passé par la formule juridique de société à responsabilité limitée plutôt qu’une fondation traditionnelle parce qu’elle est plus souple, malgré le fait qu’elle permet moins d’exonération d’impôts. Oui, parce qu’une fondation ne paie pas de taxe sur les plus-values et lui permet d’éviter des frais de succession pour transmettre sa fortune. Rien d’illégal à cela. La société américaine est organisée pour permettre à une minorité d’accumuler des fortunes gigantesques sur le dos de tous les laissés pour compte afin de donner le beau rôle aux généreux donateurs qui distribuent leur argent à leur guise et sur leurs propres critères.
En France, nous appelons cela la solidarité nationale et c’est l’état qui assure ce rôle de redistribution, grâce à un dispositif nommé impôt, épouvantail de tous les libéraux.