Pas d’amalgame

Avant de commencer cette chronique, je me suis abondamment réapprovisionné en guillemets, y compris ceux que les incultes appellent des parenthèses en faisant le geste des deux doigts de chaque main de part et d’autre de ce qui leur tient lieu de cervelle. Veuillez donc considérer par avance que je ne mets pas l’ensemble des citoyens de confession musulmane dans un quelconque sac unique d’où seraient sortis les terroristes qui ont frappé la France, le Mali, la Belgique, la Russie et j’en passe. Et cela d’autant plus que l’islam est loin d’être une religion unifiée. J’ai déjà du mal à m’y retrouver entre les deux grands courants les plus connus, le sunnisme et le chiisme.

Pour simplifier (énormément), les chiites, qui se trouvent principalement en Iran et une partie de l’Irak et du Liban, ont une organisation hiérarchisée du clergé où les imams ont un rôle de directeur de conscience. Les sunnites, quant à eux, représentent 90 % des musulmans, et le rôle des imams y est beaucoup plus restreint, le croyant ayant une relation directe avec son dieu. L’affaire se complique avec l’existence de 4 écoles distinctes dans le sunnisme : le hanafisme, le malikisme, le chaféisme et le hanbalisme, inspirés par des prédicateurs importants. De leur côté, les chiites donneront naissance au schisme alaouite, au pouvoir en Syrie.

Et le salafisme dans tout ça ? On pourrait le comparer au mouvement intégriste des catholiques « tradi ». Il prône un retour aux sources, le Coran et le Sunna, ensemble des textes sacrés. Le salafisme est lui-même divisé en courants, les quiétistes, partisans d’une paix civile et d’un islam « modéré », les partisans du réveil islamique nés de la protestation contre la première guerre du Golfe et les djihadistes qui prônent le recours à la violence.

C’est dans ce contexte qu’il faut replacer les déclarations de certains imams français. Je pense en particulier à cet imam de Brest, enseignant le « catéchisme » à des enfants d’une dizaine d’années en leur expliquant que ceux qui font ou qui écoutent de la musique seront, je cite, « engloutis par la terre » et « transformés en singes et en porcs ». Ce prédicateur condamne certes les attentats, mais il endoctrine les enfants au nom d’une lecture littérale des textes. Pour ma part, je considère ce genre de prêche tout aussi inquiétant pour l’évolution de la société que les appels directs à la lutte armée, contre lesquels il est du moins possible de lutter.

Commentaires  

#1 poucette 25-11-2015 17:05
merci pour cet essai de clarification des différentes "espèces" de religion musulmane....à Châtellerault nous avons 2 mosquées dont l'une affiliée à la grande mosquée de Paris a pris position ferme du" terrorisme qui n'a pas de visage ni de religion"l' autre mosquée est muette .
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