La nostalgie…

Toujours ce qu’elle était.

C’est le regret de ce qui ne sera jamais plus, chaque chose ne se produisant qu’une seule fois, c’est la conséquence de l’irréversibilité du temps. Elle est habitée par les regrets du temps passé, des lieux disparus ou devenus lointains, auxquels on associe des sensations agréables révolues. Elle nous reconnaît à notre passé, et elle peut être source de réconfort grâce aux émotions qu’elle réveille et nous redonner de l’énergie, mais elle peut aussi, si elle nous occupe dans des moments difficiles de notre vie, nous apporter tristesse et déprime, et une sensation de manque.

C’est donc une expérience contradictoire, paradoxale, même les souvenirs heureux peuvent être doux-amers, soutenables, car nous avons souvent une version romancée du passé, et si le souvenir est meilleur que la situation réellement vécue, c’est qu’il répond à un objectif évolutif. C’est un moyen de survie que d’édulcorer les mauvaises expériences passées !

(La plupart des femmes ne voudraient plus jamais enfanter si elles se souvenaient de la situation vécue !)

C’est un moyen de faire face à l’isolement social, nous donner l’impression que nous avons un moyen de contrôle sur notre développement personnel, nous rappeler ce que l’on a pu vivre avec d’autres personnes, nous poussant ainsi à rechercher les acteurs importants de notre passé.

Elle finit toujours par passer, et la regarder en face, l’utiliser, peut aider à se réancrer dans le présent, car l’évocation du passé, c’est un moyen de réfléchir à qui nous sommes et aide à donner du sens à notre vie.

Elle fait l’objet de nombreuses recherches scientifiques mondiales (États-Unis, Japon) sur son implication dans le fonctionnement cérébral. Une étude japonaise a montré que si au cours d’une IRM on projette des images associées au passé, on constate une activation de la mémoire et du circuit de sécrétion de la dopamine, hormone du plaisir, une étude américaine a prouvé que la zone cérébrale impliquée dans la régulation des émotions, était stimulée par les sentiments nostalgiques.

D’autres recherches ont montré que les états nostalgiques stimulent l’inspiration et la créativité, nous font sentir plus jeunes, plus optimistes, et plus énergiques, réduisent la perception de la douleur…

La nostalgie est une composante saine, voire vitale, de l’expérience humaine, qui nous aide à renoncer en nous rappelant qui nous sommes censés être, pour éviter de ruminer ce qui la rend négative pour devenir mélancolie !

C’est un sentiment, un état d’esprit, qui sature la culture actuelle, augmenté en période de crise et dont se sont saisis les médias, cinémas, on rediffuse indéfiniment les films cultes, musique, engouement pour les stars des années 80 qui font le plein tout le long de leur tournée annuelle, pour les concerts de chanteurs de plus de 60 ans « descendus du plateau de phono » qui remplissent encore les salles…, on imite Johnny, on copie le groupe des Beatles, et on les écoute sur radio nostalgie la deuxième de France en nombre d’auditeurs !

Pourquoi acceptons-nous si facilement le piège de la nostalgie ? Peut-être parce que nous sommes tous des exilés de notre propre enfance, toute nostalgie est nostalgie de ce qui n’est plus et ne sera jamais, « elle tient tout entière dans l’amertume d’avoir été » Jankélévitch

L’invitée du dimanche